Les bêta-lactamases, armes bactériennes contre les antibiotiques
Quand la recherche perd de la vitesseLa solution serait donc de trouver des composés qui inhibent spécifiquement les métallo-bêta-lactamases. « Mais on se retrouve alors face à un conflit d’intérêt entre le patient et les industries pharmaceutiques », souligne Jean-Marie Frère. « Ces dernières ont tout intérêt à mettre la main sur des composés généraux afin de limiter les coûts du développement de tels composés alors que pour le patient, et de manière générale pour lutter contre la résistance des bactéries, il est préférable d’avoir recours à des composés spécifiques », précise le Professeur. Car plus on s’attaque à un grand nombre de bactéries à la fois, plus on sélectionne la résistance au niveau des diverses familles bactériennes. « L’idéal serait de mettre au point une méthode d’identification ultra rapide des bactéries et des bêta-lactamases qui infectent le patient et de lui administrer un traitement spécifique », conclut Jean-Marie Frère. Selon ce dernier, le problème majeur de la recherche dans ce domaine actuellement est le manque de moyens. « D’un côté les industries pharmaceutiques ont cessé de s’intéresser de près aux antibiotiques car ces médicaments ne leur rapportent pas assez. Elles préfèrent se concentrer sur la production de traitements contre les maladies chroniques pour lesquelles les patients doivent prendre des médicament à vie », constate Jean-Marie Frère. « Et de l’autre côté, les organismes publics qui subsidient la recherche allouent préférentiellement des budgets à d’autres domaines de recherche. Il semble que les bactéries ne soient plus un sujet à la mode », continue-t-il. Et pourtant la course poursuite ne s’est pas arrêtée, elle. Si les scientifiques, par manque de fonds, ne peuvent plus rester à la page alors que les bactéries continuent d’évoluer, elles gagneront tôt ou tard du terrain et finiront par remporter la victoire. On assistera alors à la résurgence d’épidémies sévères… L’ULg, une mine de savoir sur les enzymes de résistanceEntre 1995 et 2008, le laboratoire d’Enzymologie du Centre d’Ingénierie des Protéines de l’ULg a coordonné trois réseaux européens de recherche sur les métallo-bêta-lactamases et a ainsi été projeté au rang de leader mondial dans ce domaine. Parmi les nombreuses avancées effectuées, Jean-Marie Frère et ses collègues liégeois, en collaboration avec d’autres équipes, on notamment élucidé le mécanisme d’action de certains inhibiteurs de bêta-lactamases. Ils ont également étudié les propriétés cinétiques de ces enzymes et caractérisé leur spectre d’action, purifié un très grand nombre d’entre elles provenant d’organismes pathogènes et non pathogènes. Une des grandes fiertés du Professeur Jean-Marie Frère est d’avoir été, avec des collègues de Grenoble, les premiers à déterminer la structure d’une bêta-lactamase à zinc. « Ces travaux étaient une première mondiale. Depuis lors on s’est aperçu que toutes les métallo-bêta-lactamases – il en existe une centaine - présentent une structure similaire, à l’exception d’une petite sous-famille ». Jean-Marie Frère est lui-même intervenu dans la rédaction de trois des vingt chapitres qui composent le livre et d’autres chercheurs de l’ULg ont participé à l’écriture de sept chapitres. Un ouvrage, donc, dans lequel le savoir liégeois sur les enzymes de résistance tient une grande place ! Page : précédente 1 2 3
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