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Le financement du secteur associatif
19/10/2012

« Si du chemin a été parcouru, il reste encore beaucoup de choses à découvrir au sujet des associations », reprend pourtant Sybille Mertens. L’une des dernières recherches du centre s’est justement intéressée au financement du secteur associatif. Un terrain jusque là inexploré. « On a beaucoup de statistiques macro sur les associations, mais on sait mal ce qui se passe à l’intérieur de celles-ci : quelles sont leurs modalités de financement, leurs problèmes de gestion ? Il n’existait pas, en Belgique, d'études abordant cet angle de manière exhaustive. » L’étude (1), une enquête menée auprès d’un échantillon aléatoire stratifié de 2000 associations belges francophones (Wallonie et Bruxelles) et qui a recueilli près de 500 réponses, a permis d’obtenir des données tout à fait inédites sur la gestion financière des associations.

Gestion saine

Un œil d’abord sur ce qui se passe au sein des PME. « Quand on pense au financement des PME, on pense à deux choses : elles se financent en vendant leurs biens sur un marché ; quand elle doivent réaliser des investissements, elles mobilisent des fonds propres mais ont surtout recours à l’emprunt. » La donne change pour les associations, qui sont souvent de petite taille –  moins de dix personnes employées. D’abord, la plupart d’entre elles sont financées par des subsides publics, « certaines complétant cela avec des formes diverses de financement : cotisation des membres, dons de particuliers, d’entreprises, de fondations, ventes. » Cette "hybridation des ressources" s’expliquant par le  fait que « ce que produit une asbl intéresse plusieurs publics : les bénéficiaire directs évidemment, mais aussi les pouvoirs publics, les membres, la collectivité locale, etc. ; cela justifie des financements multiples » note Michel Marée. D’autre part, une tendance à l’autofinancement se dégage des comportements des associations lorsqu’elles rencontrent un besoin d’investissement ou de liquidités. Voilà pour les premières généralités.

trésorieQue nous apprend encore cette enquête ? Que la trésorerie des associations se porte très bien, en général. Que les associations n’empruntent que très peu aux banques par principe, par peur de s’endetter auprès du système bancaire, et qu’en aucun cas ce ne sont les banques qui, en raison de leur exigence, les en empêchent. « Deux résultats qui sont venus bousculer nos hypothèses de travail, concède Sybille Mertens. Le secteur évoque souvent des problèmes de trésorerie, de liquidités. On remarque pourtant qu’il y en a très peu. Et quand il y en a, on voit que ceux-ci sont liés aux liquidations des subsides par les pouvoirs publics : les subsides arrivent parfois avec des retards de 6 mois, un an, voire un an et demi – quelle PME pourrait se permettre d’attendre son chiffre d’affaires un an et demi après sa réalisation ? » Et Michel Marée de compléter : « par ailleurs, le caractère cyclique des subsides – ils sont parfois versés tous les x mois – fait que le renflouement de la trésorerie se fait par à-coups, ce qui peut être vite préjudiciable pour l’association dont la gestion n’est pas planifiée correctement, par exemple. » La gestion intrinsèque des asbl n’est en tout cas pas la cause de ces trous de trésorerie. Une gestion saine et prudente (« en bon père famille ») se confirme d’ailleurs dans la frilosité qui caractérise généralement la relation bancaire, très peu sollicitée. Une relation qu’il conviendrait, néanmoins, de préciser à l’avenir. « La case la plus souvent cochée à la question des causes d’un non-recours au crédit bancaire classique pour financer un investissement était, en effet, « l’asbl préfère ne pas s’endetter auprès des banques ». Là aussi, nos a priori en ont pris un coup. Pour expliquer le non-recours à l’emprunt – une tendance générale dans le secteur –, nous pensions que les garanties demandées par les banques étaient trop élevées ; ou encore que les formalités étaient trop lourdes pour les associations. Ce n’est pas le cas. La question qui reste néanmoins posée est de savoir si c’est effectivement la peur de s’endetter qui explique ce comportement, l’aversion au risque dit-on en économie, ou bien si ce sont des obstacles idéologiques (le fait de ne pas vouloir participer au système bancaire) qui sous-tendent ce retrait vis-à-vis de l’institution bancaire. A tester. »

(1) ‘Comment se finance le secteur associatif?’ (How is the non-profit sector financed?). The results of a fieldwork investigation in francophone Belgium, a project funded in the framework of the START programme, linking the Walloon Region, the University of Liege and CERA, Mertens de Wilmars Sybille, Marée Michel. Lire sur ORBI.

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