L’énergie, pas la bombe !
Mais la plus grande préoccupation vient de l’Irak, signataire du TNP, mais dont on découvre le programme nucléaire clandestin à la fin de la « guerre du Golfe » de 1990-1991. Les révélations sur l’ampleur du programme irakien de recherche militaire provoquent une crise sans précédent des régimes de lutte contre la prolifération des armes nucléaires. Elles montrent en effet que la ratification du TNP et les accords de garantie avec l’AIEA n’assurent pas suffisamment l’absence d’actions « proliférantes ». La ratification du TNP assurait même une certaine respectabilité à Bagdad, qui soumettait officiellement toutes ses installations nucléaires aux contrôles réguliers de l’Agence, sans que ses inspecteurs n’aient jamais constaté de détournement des matières utilisées. Mais ils ne visitaient pas les sites clandestins de l’Irak, non déclarés à l’AIEA. Car, à l’époque, l’Agence ne disposait pas d’un mandat lui permettant d’inspecter d’éventuels sites suspects, ce qui est le cas depuis lors… Par ailleurs, l’Irak recourait largement aux biens à double usage, camouflant leur utilisation finale sous des demandes de licences d’exportation de biens à destination agricole, médicale, etc. Cette découverte prouve en tout cas qu’un État résolument disposé à élaborer une arme nucléaire est prêt à toutes les ruses, même très coûteuses, pour parvenir à ses fins. Habiles à profiter des failles du système, les exécutants de Saddam Hussein ont aussi bénéficié d’une certaine complaisance des États fournisseurs de l’Irak (3), pas trop regardants car plus soucieux de défendre leurs intérêts commerciaux que de veiller scrupuleusement à la non-prolifération, au risque de se faire ravir des marchés profitables par les pays concurrents. Enfin, l’Irak a bénéficié de l’appui informel des Etats-Unis, de l’URSS et de leurs alliés durant la guerre qui l’a opposé à l’Iran de l’imam Khomeiny, entre 1980 et 1988. Contre les tricheurs, serrer la visEn 1992, les irrégularités constatées par les inspecteurs de l’AIEA en Corée du Nord achèvent de convaincre la communauté internationale qu’il faut imposer, à l’avenir, une politique d’exportation plus restrictive. Dès cette année-là, l’AIEA entreprend donc un vaste mouvement de réformes visant à renforcer son système de vérifications, en vue de pouvoir débusquer plus efficacement des activités nucléaires clandestines, non déclarées à l’agence. Les nouvelles mesures octroient à l’Agence un accès plus larges aux informations, notamment par des prélèvements réalisés dans l’environnement, et un accès physique étendu par le recours à des inspections impromptues. ![]() (3) Les principaux fournisseurs du programme nucléaire militaire irakien pendant les années 1980 furent l’Allemagne, les États-Unis, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. |
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