La fiction pour réveiller les consciences
En opérant de la sorte, Garfinkel annonce que le monde d’Orwell n’est plus une menace. Aujourd’hui, le monde que nous devons craindre, c’est un monde contrôlé par toutes les personnes derrière toutes les caméras, et par tous ceux qui gèrent nos informations personnelles. Le discrédit jeté sur l’anticipation d’Orwell travaille du propre processus de légitimation de l’œuvre de Garfinkel, toujours sous la rhétorique de la menace. Selon les termes du chercheur, Garfinkel fait donc d’Orwell un repoussoir, un précédent uchronique. Un précédent qui aurait pu être, mais qui n’a pas été. Précédent prophétiqueDe la même manière que pour Garfinkel envers Orwell, et même si Foucault laissait déjà entrevoir ces changements, Deleuze, même s’il s’inscrit davantage dans la continuité historique de Foucault, écrit que nous ne sommes plus dans une « société de discipline », mais dans une « société de contrôle ». Les réformes de ces lieux d’enfermement ne servent selon lui qu’à gérer leur agonie. « Nous entrons dans les sociétés de contrôle, qui fonctionnent non plus par enfermement, mais par contrôle continu et communication instantanée »(2). L’analogie avec Orwell et Garfinkel est forte. Il y a toujours ce sentiment d’urgence. « C’est en train de se produire ». Et nous passons d’un Etat puissant et central, qui détient ici les institutions d’enfermement, à un contrôle éclaté, diffus, continu, instantané. Orwell ou Foucault deviennent donc des repoussoirs, étayent la critique de Garfinkel ou de Deleuze. Et ces deux derniers sollicitent la responsabilité du lecteur. « Il n’y a pas lieu de craindre ou d’espérer, mais de chercher de nouvelles armes. » (Deleuze, 1990) (3). ![]() (2) Ibid, p. 158. |
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