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Sons fantômes dans la tête
11/09/2012

L'acouphène est le symptôme d'un dysfonctionnement. S'il est subjectif, son étiologie est souvent malaisée à établir lorsqu'il n'est pas en lien avec une perte d'audition. Les causes qui peuvent l'avoir initié sont multiples. Citons la toxicité de certains traitements par antibiotiques ou anti-inflammatoires et de certaines chimiothérapies, les traumatismes auditifs (pétard, concert...), la surdité brusque, l'hypoacousie, un neurinome, des problèmes cervicaux ou mandibulaires, des infections chroniques, une maladie de Ménière, de l'hypertension, une anémie sévère, le stress et la dépression, un fort état de fatigue... « Un des problèmes est que les études cliniques jettent généralement tous les acouphènes subjectifs dans le même panier, explique Philippe Lefèbvre. Aussi, au niveau de l'approche thérapeutique, c'est-ce un peu comme si l'on traitait de la même façon des pommes, des poires et des bananes. »

Il n'existe aucun paramètre objectif permettant de mesurer l'intensité d'un acouphène. Dès lors, le médecin n'a d'autre choix que de s'en remettre à l'évaluation subjective du sujet acouphénique. « Si on demande à un patient de situer l'intensité de son acouphène sur une échelle allant de 0 à 10, son estimation reflétera plutôt la manière dont il le perçoit, c'est-à-dire sa capacité à l'éloigner ou non du champ de sa conscience, que l'intensité sonore réelle », souligne le docteur Audrey Maudoux, aspirante au FNRS, doctorante et assistante au service ORL du CHU de Liège.

Le type de son (bourdonnement, sifflement...) n'est pas caractéristique d'un acouphène particulier ni de la cause qui l'aurait engendré. De surcroît, il a été montré que sa fréquence (grave, aigu) ne prédispose pas à être ou ne pas être gêné par sa présence. « On retrouve plus ou moins le même pattern dans les groupes de personnes incommodées par leur acouphène et dans les groupes qui ne s'en plaignent pas », précise Audrey Maudoux.

Groupe-controle-acouphenes

Phénomène d'habituation

Lorsque des patients consultent pour un acouphène d'apparition récente, les chances de le faire régresser et disparaître sont relativement bonnes s'il est lié à une infection de l'oreille, à une surdité brusque ou, plus largement, à des pathologies de l'oreille qui sont traitables. En phase aiguë, des corticoïdes seront généralement donnés en première intention. Les acouphènes peuvent également avoir d'autres causes médicales que l'on peut espérer résoudre : par exemple, de l'hypertension, un neurinome ou un problème vasculaire cérébral.

Souvent, néanmoins, l'étiologie de l'acouphène reste mal définie et les traitements de la phase aiguë ne sont pas couronnés de succès. Il y a alors chronicisation du phénomène. Peut-on émettre une prédiction sur l'évolution du problème ? Difficilement. L'acouphène peut très bien disparaître un jour pour une raison inconnue, accompagner le sujet le reste de sa vie, varier par son intensité ou sa forme. Une fois rassurés quant au caractère bénin de leur acouphène, situation la plus commune, la plupart des individus ne sont cependant plus perturbés par les bruits fantômes qui le caractérisent - le cerveau parvient à les confiner au niveau de l'inconscient.

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