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Sons fantômes dans la tête
11/09/2012

Quoi qu'il en soit, les prises en charge globalement les plus efficaces sont le fait des thérapies de type perceptionnel, dont le but est de transformer la perception consciente des « sons fantômes » en une perception inconsciente. Ainsi, la Tinnitus Retraining Therapy (TRT) fait appel, entre autres, à un générateur de bruit suggérant une prothèse auditive et diffusant un son proche de l'acouphène. Installé par un audioprothésiste spécialement formé, il doit généralement être porté durant une période de 12 à 18 mois. L'espoir est que le patient s'habitue à ce nouveau bruit et, par ricochet, au son de l'acouphène, dont la fréquence est voisine. La dimension psychologique est essentielle dans ce traitement. Car si la charge émotionnelle est majeure dans l'intolérance à l'acouphène, étant donné son caractère permanent, inextinguible, le patient sait ici qu'il peut « couper » le son à tout moment en déconnectant le générateur de bruit. « Dans la TRT, l'intervention psychologique d'un coach, d'un audiologiste, d'un psychologue, voire un psychiatre est habituelle », indique Audrey Maudoux. Et Philippe Lefèbvre d'ajouter que le patient acouphénique doit être pris en charge dans sa globalité.

Une autre technique très prisée est l'autohypnose, qui a pour objectif de permettre au sujet de moduler ses sensations, de les maîtriser et de parvenir ainsi à rejeter l'acouphène dans l'inconscient. Parmi les autres approches régulièrement employées pour combattre l'acouphène chronique, les thérapies cognitivo-comportementales occupent une place de choix. Dans un tout autre registre, la stimulation magnétique transcrânienne est utilisée dans des traitements expérimentaux.

Une chose est certaine : le silence est un des principaux ennemis de la personne souffrant d'acouphène. Il faut donc l'éviter (dans l'isolement, grâce à une musique de fond par exemple), afin de faire obstacle à une focalisation sur les sons parasites. Leur prêter une attention de tous les instants n'a d'autre effet que d'en accroître les désagréments.

Acouphene-VS-controle

Plusieurs réseaux

Comme nous l'avons évoqué, le mécanisme physiopathologique sous-tendant les acouphènes demeure mal connu. Récemment, des chercheurs du Centre de recherches du cyclotron de l'Université de Liège et du service ORL du CHU de Liège ont entrepris d'enregistrer l'activité cérébrale de 28 sujets, dont 13 souffrant d'un acouphène unilatéral ou bilatéral. Cette acquisition se réalisa en imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) alors que les sujets étaient au repos, c'est-à-dire allongés dans le scanner sans aucune tâche à effectuer et pouvant donc laisser vagabonder leurs pensées.

Baptisée « resting-state fMRI » (IRMf au repos), cette technique permet de dégager l'activité « brute » du cerveau au repos et d'en extraire ensuite l'activité de divers réseaux particuliers - auditif, attentionnel, visuel... Quel était l'objectif des  chercheurs liégeois ? « Nous voulions déterminer quelles différences de connectivité fonctionnelle pouvait présenter le réseau auditif de patients avec acouphène par rapport à celui de sujets contrôles », rapporte Audrey Maudoux.

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