Si l'Europe devait revendiquer une caractéristique, ce serait sans doute son système de protection sociale. Un système qui ne doit rien à la charité mais à une certaine répartition des richesses par les puissances publiques. Mais pour Didier Vrancken, nos régimes de protection sociale sont en train d'évoluer, au point de voir émerger un nouvel ordre protectionnel. « La rhétorique du risque a désormais fait son entrée pour exprimer un malaise récurrent. Nos existences seraient parsemées d'embûches, de dangers de toutes sortes. Point d'horizon de sécurité  ou de protection sans un sens aigu et cultivé de la menace. » Menaces qui sont d'ailleurs de tous ordres et plus seulement économiques ou sociales. Le nouvel ordre protectionnel se cherche donc, se muant presque en « protection rapprochée » des individus: « Ses nouveaux ressorts seraient à rechercher auprès de dispositifs destinés à rassurer les personnes à mesure qu'ils les alerteraient, à mesure que ces mêmes personnes seraient amenées à se déplacer dans la vie. » Un ordre protectionnel très biographique en quelque sorte, qui s'installe au plus près des parcours de vie.

Le nouvel ordre protectionnel, de la protection sociale à la sollicitude publique. Didier Vrancken, Parangon/Vs, Lyon, 2010.