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Définir l’habitabilité d’une planète : pas si simple
25/08/2010

La vie sur notre planète est-elle le fruit d’un accident chimique ou bien est-elle inhérente aux lois de la nature ? Est-elle un fait unique dans l’univers ou plutôt un banal « impératif cosmique » ? Les scientifiques sont de plus en plus nombreux à penser que la vie ne serait pas confinée à notre planète : si des conditions favorables existent ailleurs dans l’univers, pourquoi n’y serait-elle pas apparue là-bas aussi ?

illu1L’astrobiologie est la science qui se concentre sur l’étude de l’origine et l’évolution de la vie sur Terre et de sa distribution dans l’univers. De nature interdisciplinaire, elle réunit des biologistes, biochimistes, paléontologues, astrophysiciens, géologues, chimistes, etc. dont le saint Graal est l’identification d’une seconde « biogenèse », d’une seconde planète habitée ou ayant abrité la vie dans son passé. L’astrobiologie (aussi appelée « exobiologie » en France, ou « astrobiology » ou « bioastronomy » en anglais) est le sujet de recherche et ateliers du groupe de contact FNRS « Astrobiologie » créé par les deux auteurs, E Javaux et V Dehant.

Avant de rechercher une éventuelle vie extraterrestre, quelques définitions préalables s’imposent. La première n’est évidente qu’en apparence : qu’est-ce que la vie ? Les réponses apportées sont diverses et plus ou moins satisfaisantes. « Toutes partent du seul exemple de vie que nous ayons... sinon l’on ne peut faire que des élucubrations intellectuelles », s’empresse de préciser Emmanuelle Javaux, micropaléontologue au département de géologie de l’ULg, pour qui « la vie est une série de processus chimiques confinés dans un compartiment (cellule), échangeant de l’énergie et de la matière avec son environnement et le transformant (métabolisme), se reproduisant par le transfert d’information  (code génétique) par sélection  naturelle. »

Même s’il n’existe pas de définition unanimement acceptée de la vie, l’important est de pouvoir la reconnaître quand elle se présente au chercheur. Il faut donc des critères clairs pour distinguer la vie d’une chimie qui l’imiterait. Toute définition de la vie fait intervenir un ensemble de critères dont aucun, pris séparément, n’est propre à la vie, si ce n’est peut-être le code génétique. Ceux-ci, établis à partir de l’étude de la vie telle qu’elle existe sur Terre, sont ensuite directement transposables à l’astrobiologie. C’est ainsi que le paléontologue intervient dans l’élaboration d’une mission martienne pour déterminer, par exemple, les outils à emporter, l’endroit où « atterrir » ou encore les types de roches à échantillonner. 

Tout aussi cruciale que la définition de la vie est celle de l’habitabilité. Cette dernière fait l’objet d’une synthèse interdisciplinaire publiée cet été dans la revue Astronomy and Astrophysics Review (1), par Emmanuelle Javaux et Véronique Dehant, mathématicienne et chef de section à l’Observatoire Royale de Belgique.


(1) Javaux J.E., Dehant V. 2010. Habitability : from stars to cells. Astron. Astrophys. Rev. 18: 383.

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