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Les Etats-Unis, entre désarmement prudent et préservation nucléaire
Carte blanche publiée dans L'Echo du mercredi 17 février 2010
A ce sujet, le paysage à termes prévisibles n’incite pas à l’optimisme. Ceci peut expliquer le refus américain de s’engager à lever l’état de haute alerte (de-alerting), sur tous ses missiles en dépit des promesses du candidat Obama de le faire, et ce de concert avec les Russes. Dans le discours obamien de Prague d’avril 2009, le thème n’est plus abordé ; et Washington a émis un vote négatif contre la résolution « Reducing nuclear danger » présentée le 27 octobre dernier à la première Commission de l’Assemblée de l’ONU. Aux Etats-Unis, la planification nucléaire inclut la modernisation du guidage et de la motorisation des ICBM Minuteman III, le programme Complexe 2030 sur les charges robustes et sécurisées (Reliable Replacement Warhead) et le remplacement futur des sous-marins Ohio et des missiles en silos par de nouvelles générations de systèmes d’armes, très certainement à double capacité, nucléaire et classique. Les caractéristiques de la nouvelle composante océanique stratégique seront prochainement présentées au Congrès américain et la question tournera autour du nombre (en passant de 14 Ohio à 12 sous-marins de nouvelle génération), non autour de leur disparition. La capacité nucléaire de 3ème génération des Etats-Unis ne sera pas mise en péril, entre charges durcies, bombes électromagnétiques, simulation et contrôle « d’essais » en laboratoire, systèmes nucléaires protégés et préservés par une maintenance technologique financièrement garantie.
Entre zones grises et zones floues, entre discours d’un candidat et discours d’un dirigeant, entre le souhaitable et le possible, les stratégistes et les politiques cherchent et se cherchent. Assurément, le concept de second âge nucléaire est bien réel. Cela nous impose à la fois principe de précaution - l’outil politique de la dissuasion a encore un rôle de stabilisation dans le monde tel qu’il est et non dans celui que l’on rêve -, et politique d’audace autour des mesures de confiance et de sécurité à reformuler dans les espaces géopolitiques instables, outils complexes mais dont l’expérience historique de l’Arms control nous montre la voie à suivre. Reste à déterminer si tous les acteurs nucléaires présents et ceux du seuil l’entendent de cette oreille. 1. Attaché à l’Ecole royale militaire (Bruxelles) et au département de science politique de la Faculté de droit de l’Université de Liège. Membre du Réseau multidisciplinaire d’études stratégiques (www.rmes.be). Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que la responsabilité de l’auteur et nullement celle de son institution de rattachement ou du ministère belge de la Défense.2. Voir aussi le discours de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton à l’United States Institute of Peace, Washington, 19 octobre 2009. 3. Les discours français et britanniques sur les efforts qu’ils ont entrepris et qu’ils entreprendront à l’avenir dans le domaine du désarmement (article VI) seront là comme « effet de manche » autour de la conférence de suivi du traité de non-prolifération qui sera organisée en mai prochain. |
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