En 1983, deux exploitants de tourbe de Lindow, dans le nord de l'Angleterre, retrouvent un corps parfaitement conservé au beau milieu d'une tourbière. La police est alertée et emmène le cadavre. Après une rapide analyse du médecin légiste, les policiers concluent qu'il s'agit d'une dame âgée de 30 à 50 ans morte il y a peu, mais son identité reste inconnue. La nouvelle se répandant très vite notamment à travers les médias. Un certain Peter Reyn-Bardt entend parler de cette histoire et se présente au poste de police. Sous le choc, il avoue le meurtre de sa femme qu'il avait violée, tuée, puis jetée dans les marécages de la tourbière près de 20 ans plus tôt.

Fin de l'histoire? Et bien non! Une seconde analyse plus poussée montre que le cadavre n'est pas celui de l'épouse de Reyn-Bardt mais celui d'une femme morte il y a près de 2000 ans!!!

L'histoire fait sourire, bien sûr, mais elle illustre parfaitement le pouvoir de conservation des tourbières. Surtout que la femme de Lindow n’est pas le seul exemple du genre. De nombreux corps très anciens ont été retrouvés dans le nord de l’Europe. Pourquoi ? «Dans la mythologie scandinave, les marais, tourbières, et autres milieux entre terre et eau symbolisaient le passage entre le monde des vivants et le monde des morts, raconte Juliette Dor, professeur de mythologie scandinave à l'Université de Liège, Il n’est donc pas surprenant de trouver de nombreux cadavres dans ces lieux.» La parfaite conservation des corps a permis d’en apprendre un peu plus sur les meurtres rituels en vigueur dans la culture scandinave.

Car il s'agit bel et bien de meurtres! «Lors de certaines cérémonie, tels que les enterrements de nobles, il n'était pas rare de sacrifier l'une ou l'autre personnes en offrande à certaines divinités, ou tout simplement pour accompagner le défunt dans l'au-delà.» L'homme de Tollund, retrouvé dans un parfait état dans une tourbière danoise, avait même toujours une corde autour du cou lorsqu'il a été déterré, preuve du sacrifice dont il fut l'acteur principal!