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Du soir ou du matin?
04/08/2009

Quant à la tâche de gestion de conflits, qui reposait sur l'utilisation du test de Stroop (il s'agit d'inhiber un processus automatique au profit d'un processus plus contrôlé), elle a livré une étrange vérité : les performances des « extrêmes du matin» sont équivalentes à celles des «extrêmes du soir», mais l'activité de certaines régions cérébrales impliquées dans la gestion des conflits (insula, cortex cingulaire antérieur...) s'accroît avec le temps d'éveil chez les seconds et uniquement chez eux. Pourquoi ? Les chercheurs vont s'efforcer de percer le mystère. «Si nous avions réalisé le test 16 heures après l'éveil, par exemple, il est possible que les performances des "sujets du soir" se seraient révélées supérieures à celles des "sujets du matin", souligne Christina Schmidt. De fait, on peut imaginer que les différences d'activation au niveau cérébral se seraient alors répercutées au niveau des performances, comme après franchissement d'un palier.» En ce qui concerne le noyau suprachiasmatique et le locus coeruleus, les résultats confirment les données du test d'attention visuelle, mais avec un seuil statistique plus bas.

Évaluations neuropsychologiques

sannerLes travaux initiés à l'Université de Liège ne ressortissent pas seulement à la sphère de la recherche fondamentale, mais ambitionnent également d'influer sur les pratiques cliniques. En effet, les évaluations neuropsychologiques réalisées aujourd'hui pour explorer le fonctionnement cognitif de patients cérébrolésés ne tiennent généralement aucun compte du rapport existant entre le moment où les tests sont passés et le chronotype individuel du sujet examiné.

Admettons que l'on veuille suivre un patient de manière longitudinale en évaluant ses performances cognitives tous les trois mois. Si les tests ont lieu tantôt en début de matinée, tantôt à midi, tantôt en fin d'après-midi, par exemple, la mesure de l'évolution du cas pourrait être biaisée. Il pourrait en aller de même si, faisant abstraction du moment de la journée, on soumettait une personne à un test unique en vue d'analyser ses résultats à la lumière de ceux d'une population de contrôle. Par ailleurs, sujets jeunes et âgés sont placés sur le même pied, alors qu'on sait que plus on vieillit, plus on dérive vers un chronotype du matin. «Dans certains tests, on a montré que les différences de performance entre ces deux types de populations s'effaçaient quand les individus jeunes étaient testés à un moment non optimal et les individus âgés au moment de leur pic circadien», souligne d'autre part Christina Schmidt.

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