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Du soir ou du matin?
04/08/2009

Ces deux processus interagissent en permanence, rappelons-le. Par exemple, à 19 heures, la pression de sommeil est déjà élevée et, à elle seule, pourrait pousser à aller dormir. Mais le signal circadien, lui, incite encore à l'éveil, contrebalançant en quelque sorte l'action du mécanisme homéostatique. Aussi des tests de performance cognitive pratiqués durant une journée normale ne permettent-ils pas de distinguer l'influence exacte des deux composantes étudiées. Toutefois, après 40 heures d'éveil, la pression de sommeil arrive à une forme de saturation. Dans ces conditions, si l'on constate que la performance des sujets s'améliore à certains moments de la journée malgré un besoin de dormir qui ne cesse de croître, on peut y voir l'empreinte d'un pic circadien.

C'est ce qu'a souligné de façon non équivoque l'expérience réalisée à Bâle : il existait bel et bien des variations circadiennes dans les performances à la tâche procédurale proposée. Les chercheurs n'ont pas constaté un déclin linéaire des résultats en fonction de la pression de sommeil ; on observait au contraire des modulations liées aux variations circadiennes de l'éveil, donc de la température corporelle. En d'autres termes, les performances étaient meilleures dans la " bonne phase circadienne ", quelle que fût la pression de sommeil. Des résultats similaires furent obtenus dans le second protocole, où la pression de sommeil était contrôlée différemment, par l'entremise d'une succession de siestes prescrites aux participants à l'expérience.

Variation pression

Vers 6 heures du matin, la température corporelle est minimale et la sécrétion de mélatonine, maximale. Dans des conditions de laboratoire contrôlées, c'est à ce moment que les performances à des tâches cognitives simples sont les plus mauvaises chez les sujets dont le chronotype peut être qualifié de neutre. Elles se bonifient ensuite au fil de la journée parallèlement à la montée de la température corporelle, dont la valeur maximale est atteinte vers 22 heures. Reste qu'on ignore ce qui se passe exactement dans la vie quotidienne, où interviennent d'autres facteurs : la lumière du jour, les motivations, les déplacements et les gestes accomplis par le sujet, etc.

La voie des extrêmes

Pour les tâches plus complexes, les données demeurent floues, les résultats expérimentaux faisant montre d'une grande variabilité. Faut-il incriminer des raisons méthodologiques ? Peut-être. Malgré tout, une expérience conduite par Christian Cajochen et son équipe de l'Université de Bâle semble mettre en exergue un pattern de performances analogue à celui qui avait été établi dans le cadre des tests portant sur la tâche procédurale susmentionnée. La seconde expérience reprenait les grandes lignes du protocole de la première - environnement strictement contrôlé, privation de sommeil, etc. -, mais ne concernait que des personnes âgées. Ces dernières devaient s'orienter dans des labyrinthes en version «papier-crayon». Il apparut que plus la tâche était ardue, plus la sensibilité des performances à l'influence circadienne était marquée. Les travaux réalisés à l'Université de Bâle faisaient appel à des sujets «neutres» sur le plan du chronotype. Sans quoi, dans la perspective qu'ils s'étaient fixée, il eût été quasi impossible de démêler l'écheveau.

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