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La mort cérébrale

En 1968, le Ad Hoc Committee de l'Ecole médicale de Harvard définit la mort comme un coma irréversible (mort cérébrale) et en spécifia les critères. De nos jours, ses conclusions demeurent la principale référence au niveau planétaire.

 

Mort cérébrale

 

Quelques années après les travaux du Ad Hoc Committee, des études de neuropathologie ont démontré que, dans la mort cérébrale, la clé de voûte était l'atteinte du tronc cérébral. En effet, qu'elle soit consécutive à un traumatisme crânien, à une anoxie ou à une hémorragie, une importante lésion du cerveau engendre une pression intracrânienne élevée qui écrase le tronc cérébral et le détruit. Or celui-ci s'acquitte notamment du contrôle de la fonction respiratoire.

Dans l'approche théorique classique, dont les racines sont américaines, les critères neurologiques de la mort ont trait au cerveau entier – «the whole brain», disent les Anglo-Saxons. Toutefois, se fondant sur les études de neuropathologie, la Grande-Bretagne, puis l'Inde, se sont démarquées de cette vision du problème (la mort cérébrale) et ont adopté des critères focalisés sur le seul tronc cérébral. «Dans la pratique, cela change peu de choses, car, même dans la conception mettant en jeu le cerveau entier, les tests cliniques portent sur les réflexes du tronc cérébral», explique Steven Laureys.

Initié en 1971 par le neurologue écossais J.B. Brierley, un troisième courant, minoritaire, a essaimé vers les Etats-Unis, puis l'Europe. Relayé par des philosophes et des juristes, il repose sur le concept de «mort néocorticale» : l'être humain se caractérise par sa conscience et ses interactions sociales ; par conséquent, si l'étendue des lésions de sa matière grise lui interdit tout rapport conscient avec le monde extérieur, il doit être tenu pour mort. «Cette vie n'est pas une vie», estiment les tenants de ce courant, qui rangent au nombre des défunts les patients en état végétatif et les enfants anencéphales, justifiant ainsi le droit de leur prélever des organes pour des transplantations.

Cette conception de la mort a alimenté plus que toute autre le débat éthique. Et l'on songe notamment au cas de Terri Schiavo qui remua toute la société américaine et fit la une des journaux du monde entier. «L'état végétatif n'est pas assimilable à la mort cérébrale, précise Steven Laureys. La récupération n'est pas exclue dans certains cas, au cours des premiers mois.»

Aujourd'hui encore, la définition de la mort sur la base des critères de la mort cérébrale est contestée par des médecins, philosophes et théologiens catholiques ultraconservateurs. Pour eux, le seul critère admissible est l'arrêt irréversible de la circulation sanguine.


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