Tucuxi et nouveaux polluants
Dans un article (1), publié en 2008 dans Environmental Science & Technology, et écrit avec des collègues brésiliens et de l’université d’Anvers, Krishna Das rend compte d’un phénomène inquiétant : l’arrivée de nouveaux types de polluants chez certains animaux. Les recherches portent sur le tucuxi du Brésil, un petit « flipper » dont une colonie vit dans la baie de Rio. Ces animaux sont particulièrement étudiés, suivis à la trace, épiés à tous les instants par les scientifiques brésiliens car ils sont reconnus comme une espèce sentinelle. Difficile d’en être autrement : la baie de Rio, autour de laquelle se pressent 11 millions de personnes, est un des endroits les plus pollués au monde. Les analyses ont montré que de nouveaux polluants arrivent en bout de chaîne, notamment chez ces petits dauphins brésiliens. Ce sont tout d’abord les retardateurs de flamme (substances qui contiennent des atomes de brome) présents partout dans notre société : sur les meubles, dans les peintures, sur les tissus, etc. Ils se comportent dans l’environnement marin comme se comportaient les PCB qui ont défrayé la chronique il y a 30 ans. On les retrouve même dans les zones Arctiques. Il en va de même pour certains composés fluorés comme le teflon, qui finissent par se retrouver dans l’alimentation puis dans notre organisme. D’autres composés fluorés sont présents dans les produits anti-taches, dans les emballages et dans des solvants. Eux aussi ont migré jusque dans les mammifères marins dont le fameux tucuxi, le sommet de la chaîne alimentaire, ce que montre l’étude publiée dans Environmental Science & Technology . On suspecte donc que leur concentration ne va faire que croître dans les prochaines années. Y compris chez l’homme : on en trouve déjà des traces dans notre sérum sanguin et dans nos graisses.
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