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Les écritures et les langues de l’ancienne Egypte
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Signification ? |
Prononciation ? |
Idéogramme |
oui |
oui |
Phonogramme |
non |
oui |
Déterminatif |
oui |
non |
Ce mot composé de trois signes signifie le château.
L'idéogramme est ( ); il représente un bâtiment vu en plan avec une tour. Cela a donc une signification, mais en même temps, le signe demande une lecture particulière : Hw.t (qui se prononce hout). Ce n'est donc pas un pictogramme que l'on pourrait lire comme on veut selon le sens: tour, bâtiment, maison, château, etc. Sa prononciation est très précise.
Le phonogramme est la finale t ( ), qui est la finale du féminin. Il ne signifie rien d'autre. On pourrait s'en passer mais l'écriture a besoin d'un peu de redondance pour mieux fonctionner. Ce t est donc là en support du premier signe.
Le déterminatif est le dernier signe ( ). Il représente le plan d'une maison, un espace avec une entrée. Il fonctionne comme un classificateur sémantique. Les déterminatifs se placent toujours à la fin des mots et indiquent à quelle catégorie notionnelle le mot se rapporte. Tous les mots qui, de près ou de loin, se rangent dans la catégorie générale des bâtiments ou des parties de bâtiments peuvent recevoir ce déterminatif. Il ne se lit pas. Il dit simplement que le mot qu'on a sous les yeux appartient à la catégorie sémantique des bâtiments: effectivement, un château est bien un bâtiment.
Les trois composantes ne se retrouvent cependant pas dans tous les mots. Il existe des mots qui se réduisent à un idéogramme ou qui ne sont composés que de phonogrammes. Par contre, un déterminatif n'existe jamais seul. Tous les mots outils, par exemple, - pronoms, déterminants, etc. - ne s'écrivent qu'avec des phonogrammes.
Lors de l'Ancien Empire, la période la plus ancienne, 1.100 signes environ ont été utilisés. Au Moyen Empire, période "classique" de la littérature et de la langue, il y en a encore moins, environ 800 à 850. Lors de la Basse-Epoque (c'est-à-dire l'époque gréco-romaine), dans certains types de textes, surtout les inscriptions sur les parois des temples, les scribes savants ont inventé de nouveaux signes, un peu dans une approche qui rappellerait des spéculations cabalistiques ou ésotériques. Le nombre de signes a ainsi été multiplié par cinq ou six. Suivant les temples, on a répertorié entre 3.500 et 6.000 signes. Mais il s'agit d'un jeu sur l'écriture qui ne fonctionnait que dans le monde savant.
L'écriture hiéroglyphique, dont on a décrit le fonctionnement ci-avant, que l'on trouve sur les parois des temples, dans les tombeaux. C'est celle que tout le monde "connaît". C'est une écriture monumentale qui se grave dans la pierre, même s'il en existe des exemples peints, notamment dans les tombes. Mais étymologiquement, hiéroglyphe veut dire: gravure de caractères sacrés.
A côté de cela, depuis le début, il y a l'écriture hiératique qui est, elle, cursive, écrite avec de l'encre et un pinceau. C’est elle que l’on retrouve sur les papyrus. C'est une écriture simplifiée. On n'a plus la possibilité de reconnaître de suite ce que le signe représente comme c'est le cas dans les hiéroglyphes. Il faut en effet écrire rapidement. Elle va donner naissance à la basse Epoque à ce qu'on appelle l'écriture démotique, qui encore une simplification de l'écriture hiératique.
Enfin, dernier élément : le sens de lecture. Pour le déterminer, il faut « aller à la rencontre des personnages ». On peut donc inverser le sens, en ligne comme en colonne. Il existe donc quatre sens de lecture possibles. Mais le sens est toujours donné par l’orientation des signes. Par exemple ce signe-cicela donne le sens : on va toujours à la rencontre des personnages ;
La langue égyptienne ancienne est attestée sur environ 3.000 ans. Sur cette période, elle a évidemment changé. On distingue deux grandes phases:
-L'égyptien I qui se subdivise en ancien égyptien et moyen égyptien. Le premier correspond à l'Ancien Empire (2650-2150 avant notre ère), c'est-à-dire l'époque de la construction des grandes pyramides; le second au Moyen-Empire (2040-1780 avant notre ère).
-L’égyptien II qui se divise en néo-égyptien (qui correspond au nouvel Empire et à la troisième période intermédiaire, c'est-à-dire de la 18ème à la 25ème dynastie soit d'environ 1550 à 664 avant notre ère), le démotique (Basse-époque) et le copte (3ème siècle après J.C.).
Mais il existe en fait deux langues à chaque époque: la langue parlée et la langue "ritualisée" Au départ, les deux se confondent: l'ancien égyptien est le même parlé ou sacré. Les deux langues divergent à partir du moyen égyptien: la langue ritualisée est alors appelée égyptien classique. La différence entre moyen égyptien et égyptien classique n'est cependant pas très importante, c'est plutôt une différence de registre, un peu comme notre langue parlée n'est pas la même que notre langue écrite.
L’égyptien classique donne, lui, naissance à l'égyptien de tradition. Cette fois, il ne s'agit plus d'une différence de registre: l'égyptien de tradition est une autre langue que la langue parlée, courante. Il est réservé aux écrits les plus ritualisés, donc, à la littérature religieuse. Il a un peu le même statut que le latin du post empire romain, langue figée, réservée pour certains usages, par exemple dans l'Eglise, ou à certaines institutions comme l'université. C’est une langue qui n’est plus compréhensible par la plupart des gens.
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