Les origines du cancer du col de l’utérus
Aurait-il donc résolu cette question et ouvert du même coup la voie vers un marquage tumoral à valeur pronostique ? C’est fort possible mais notre chercheur reste prudent. « Forcément, l’étude suivante, maintenant, c’est de vérifier l’intérêt clinique et la valeur pronostique d’un tel marqueur. C’est pourquoi le Prof Crum a demandé à tous les pathologistes de l’hôpital, à chaque fois qu’ils observent une dysplasie de grade 1, d’effectuer la recherche de notre marqueur (nous avons choisi la kératine 7 pour des raisons pratiques car nous avions déjà cet anticorps). » Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, ce pronostic s’établit, faute de mieux, sur trois critères relativement imprécis: un critère histologique (le grade 1,2 ou 3, qui est une cotation relativement subjective donnée par l’examinateur), un critère viral (l’identification de la souche du virus HPV pour voir s’il s’agit d’une des souches à risque de cancer ou pas) et un marqueur appelé p16 qui permet juste au pathologiste de déterminer si le virus est présent ou non, mais qui n’a aucune valeur pronostique. Le p16 est d’ailleurs positif également dans les infections à HPV du vagin, de la vulve, du rectum ou du pénis. Encore quelques détails à préciser…Mais ce n’est pas tout. Car pour pouvoir affirmer sans contradiction possible que les cellules de jonction sont les seules cellules capables de donner naissance au cancer du col, il fallait également prouver que ce n’est pas le virus HPV qui déclenche l’expression des marqueurs spécifiques dans les cellules infectées, mais que celles-ci les expriment déjà à l’avance. En d’autres termes, que d’autres cellules (par ex dans la zone de transformation TZ) ne se mettent pas à exprimer les mêmes gènes une fois infectées par le HPV. Pour ce faire, Michaël Herfs et ses collaborateurs ont utilisé des cellules épidermoïdes de prépuce (les circoncisions en fournissent en suffisance) qu’ils ont mises en culture, et qu’ils ont infectées par deux oncoprotéines virales de HPV, les protéines E6 et E7. Résultat : tant les cellules de prépuce normales que celles infectées par les protéines virales n’ont pas été capables d’exprimer les marqueurs caractéristiques des cellules de jonction. C’est donc bien la preuve que l’expression des marqueurs est due à l’origine de la cellule et non pas à l’infection par HPV. Par ailleurs, sur des cellules fœtales de col utérin, les marqueurs spécifiques des cellules de jonction sont déjà exprimés à 16 semaines de gestation suggérant une origine embryonnaire de ces cellules de jonction.
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