Les origines du cancer du col de l’utérus
Analyser les gènes exprimésCes mystérieuses petites colonies de cellules cubiques détenaient-elles la réponse à ses questions ? Le chercheur liégeois pensait bien que oui,…encore fallait-il le prouver. L’étape suivante fut donc d’observer quels étaient les gènes exprimés par ces petites cellules. Pour cela, il fallait traiter différemment les pièces d’hystérectomies non infectées par HPV prodigalement fournies par les salles d’opération du « Brigham », en les plongeant immédiatement dans l’azote liquide de manière à ne pas laisser l’ARN se dégrader. Il faut savoir que les biopsies classiques, enchâssées dans de la paraffine, subissent un traitement à la chaleur, au xylène et au formol, qui dégradent les acides nucléiques. On ne peut donc pas y observer l’expression des gènes. Sur ses prélèvements congelés, Michaël Herfs s’est attelé à isoler, par une technique de microdissection laser, des populations pures de cellules de jonction, de cellules de l’endocol et de cellules de l’exocol, dont il a ensuite extrait l’ARN messager. Celui-ci a ensuite été soumis à des techniques de microarray, ce qui a permis de caractériser l’expression complète des gènes des trois populations cellulaires étudiées. « Il est alors apparu clairement que ces trois populations étaient bien distinctes. Notamment, une quatre-vingtaine de gènes sont exprimés 2.5 fois plus dans les cellules de jonction par rapport aux autres, ce qui est énorme ! »
Où le virus HPV revient en scène« OK, on avait une nouvelle population de cellules, qui exprimait des gènes spécifiques; on avait des anticorps spécifiques pour les identifier, maintenant il fallait savoir si cette population de cellules était reliée d’une manière ou d’une autre à l’infection par le virus HPV responsable du cancer ! » Les chercheurs ont alors cherché à voir si des cellules cancéreuses infectées par HPV exprimaient les mêmes gènes. Ils ont donc examiné des biopsies de dysplasies CIN 1, 2 et 3 ainsi que de cancers avérés, tant de type épidermoïde que glandulaire (adénocarcinome). Résultat : tous les cancers et les dysplasies de grades 2 et 3 exprimaient les mêmes gènes que les cellules de jonction. Mais seulement 20% des dysplasies de grade 1. Qu’en conclure ? Plusieurs choses importantes ! D’une part que les cancers et les lésions précancéreuses évaluées présentent bien un lien de parenté avec les cellules de jonction; c’est donc bien dans ces cellules que les cancers du col de l’utérus prennent naissance. |
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