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La situation en Belgique
Les conséquences du vieillissement en termes de finances publiquesLe vieillissement dans la plupart des pays industrialisés, soulignent les chercheurs Nicole Fasquelle, Christophe Joyeux et Koen Hendrickx, du Bureau fédéral du Plan en Belgique, suscite de nombreuses questions d’organisation de la société, de rapport entre générations, de croissance économique, de sécurité sociale et de finances publiques. Quelles sont les perspectives, d’ici 2050, de la «révolution grise» en Belgique ? En matière de fécondité, l’indicateur de 1,6 enfant par femme en 2000 devrait passer à 1,75 en 2050. Une légère hausse qui reste largement inférieure au taux de renouvellement fixé à 2,1. L’allongement de l’espérance de vie, progressant via la baisse de la mortalité à presque tous les âges, portera la durée de vie moyenne des hommes de 75 ans en 2000 à 84 ans en 2050. Pour les femmes, cette évolution passe de 81 à 89 ans. Le solde migratoire, enfin, devrait afficher 17.000 immigrants par an. De façon générale, la population belge devrait atteindre près de 11 millions de personnes en 2050 mais la structure d’âge de cette population sera bouleversée. La part des jeunes (0 à 14 ans) va diminuer, de même que les actifs (15 à 64 ans) tandis que la proportion de personnes âgées (65 ans et plus) va croître considérablement. L’âge moyen passant de 40 à 45 ans entre 2004 et 2050, la Belgique va connaître, dès 2010, un vieillissement certain. Des indicateurs qui suscite beaucoup d’inquiétudes quant à la soutenabilité financière du système belge de protection sociale, les personnes âgées étant appelées à recevoir une pension légale et susceptibles de consommer des soins de santé. Or, en Belgique, le système veut que les dépenses sociales soient en majeure partie financées par les cotisations des travailleurs. Pour rappel, l’âge légal de la retraite est fixé, en Belgique, à 65 ans pour les hommes et 63 ans pour les femmes (mais devrait passer à 65 le 1er janvier 2009). Les auteurs dégagent plusieurs conclusions de diverses projections. D’ici 2050, la population scolaire se réduira, en relation avec la diminution de la population jeune. La population active (travailleurs et chômeurs), par contre, ne décroîtra pas autant que la réduction de la population d’âge actif le laissait supposer, en raison d’une augmentation des taux d’activité. Quant au nombre de pensionnés, il augmente considérablement, conséquence d’une population de plus en plus âgée et d’autres facteurs, tels les retraites anticipées. Le nombre total de pensionnés de 60 ans et plus devrait passer de 2 millions en 2004 à 3,6 millions en 2050. Les auteurs en arrivent alors à ce constat : le défi pour les finances publiques belges, qui s’annonce au travers de l’accroissement du «coefficient de dépendance démographique des âgés» (rapport entre la population de 65 ans et plus et la population d’âge actif, de 15 à 64 ans) peut être relativisé. Comment ? Par la progression du taux d’emploi d’une part et par les paramètres de calcul des pensions et allocations sociales d’autre part. Néanmoins, notent-ils, un surcroît de dépenses sociales est attendu à l’avenir, posant la question de la mise en péril de l’équilibre des finances publiques. Divergences entre Wallonie et FlandresVoici trois décennies que le vieillissement démographique marque la société belge et le processus va s’accentuer, relève, dans l’ouvrage dirigé par Serge Feld, le chercheur André Lambert (bureau d’étude Adrass Belgique). Néanmoins, les impacts sur la population active et le volume d’emploi sont différents pour la Flandre et la Wallonie, cette dernière enregistrant une mortalité et une fécondité plus élevées ainsi qu’un niveau d’instruction plus bas. La région de Bruxelles-capitale, assimilée à une grande métropole, n’entre pas dans la comparaison régionale que dresse André Lambert. De façon plus pointue, on constate une plus forte présence de quadragénaires en Flandre. On observe également une situation de plus grand vieillissement au nord, où les questions de charge sociale et de volume d’emploi se poseront donc avec plus d’acuité qu’au sud. Sur le plan de l’emploi, plusieurs constatations émergent : les hommes belges travaillent de moins en moins, à l’inverse des femmes, et les hommes flamands travaillent toujours davantage que leurs homologues wallons. Par ailleurs, depuis 1981, les femmes flamandes surpassent les wallonnes en taux d’emploi. Enfin, si l’intensité de travail est restée presque constante au cours des trente dernières années en Flandres, elle a diminué de 7,5 pc en Wallonie. En termes d’instruction, sachant qu’un niveau élevé entraîne une participation accrue à l’activité économique, l’auteur note que, quelle que soit la région, le niveau des jeunes femmes surpasse celui de leurs collègues masculins. A instruction égale, il ressort que l’on travaille moins en Wallonie qu’en Flandre. Une Wallonie qui, par ailleurs, est caractérisée par une plus forte proportion de personnes de bas niveau d’instruction. Partant de ces constats, l’auteur a formulé dix scénarios démographiques afin de mesurer l’impact des mouvements migratoires et des niveaux d’instruction sur le taux d’emploi en Belgique. On sait, relève André Lambert, que le vieillissement est inéluctable et que la fécondité, en Belgique, n’atteint nulle part le niveau de deux enfants par femme, nécessaire au maintien de la population en l’absence de migrations. Les migrations sont-elles, dès lors, suffisantes pour contrer le déclin virtuel découlant d’une faible fécondité ? Selon le chercheur, il apparaît qu’elles ne combattent pas véritablement le vieillissement démographique et ne constituent pas un remède efficace. En outre, quelle que soit l’hypothèse migratoire, la situation flamande, du fait de son plus grand vieillissement, va connaître des modifications sociales bien plus sensibles qu’au sud du pays. Mais en valeur absolue, la charge sociale wallonne reste cependant supérieure, conséquence, note l’auteur, de la faiblesse du «couple emploi-instruction». Ce qui confirme, poursuit-il, la différence d’efficacité en termes de niveau d’instruction entre les deux grandes régions belges.
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