Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Une mine d'or génétique
18/12/2007

«La levure verte»

Chlamydomonas reinhardtii est en quelque sorte l’équivalent «vert» de la levure. Comme ce champignon, elle est unicellulaire, de petite taille et facilement cultivable en laboratoire. Une simple boîte de Petri, petite boîte en plastique au fond de laquelle se trouve un liquide nutritionnel gélifié, lui suffit pour se multiplier en grand nombre. Des cultures en milieu liquide sont également possibles.

Boîtes de pétri FR

De plus son génome est facile à manipuler. Les chercheurs peuvent aisément fabriquer des mutants. Loin d’être des monstres tout droits sortis d’un film d’horreur, ces organismes génétiquement modifiés permettent d’étudier la fonction précise des protéines. En supprimant ou en altérant l’un ou l’autre gène, le scientifique bouleverse la «traduction» de ces fragments d’ADN en protéines effectives. Celles-ci n’assureront dès lors pas leur rôle normalement. Ce sont ces changements de «comportements» chez les mutants de Chlamy qui permettent aux chercheurs de savoir quel rôle joue telle ou telle protéine.

Mais à quoi cela sert-il de savoir des choses aussi pointues sur un organisme dont la plupart des gens n’ont jamais entendu parler ? Outre nourrir la curiosité des scientifiques, l’objectif final est bien sûr de faire des découvertes qui pourraient être exploitées afin d’améliorer nos conditions de vie, de près ou de loin.

Zoom sur la respiration de Chlamy

Au laboratoire de Génétique des Microorganismes, Pierre Cardol avait pour mission de déterminer les composants complexes protéiques qui sont à la base des mécanismes de la respiration chez Chlamy. Si tout le monde sait que les végétaux sont des organismes photosynthétiques, on ignore souvent qu’ils respirent ! Cette respiration se déroule dans les mitochondries, des organites intracellulaires. Il s’agit en fait de la transformation de nutriments obtenus lors de la photosynthèse : à partir de cette matière organique et en présence d’oxygène, l’algue va produire du dioxyde de carbone et de l’eau en libérant de l’énergie. Ce processus demande l’intervention de nombreux complexes protéiques encore mal connus. Pierre Cardol a donc tenté d’en savoir plus. Il a analysé une centaine de gènes liés à la respiration. «On a découvert que le premier complexe contient plus de 40 protéines, explique le chercheur, dont plus de 30 sont conservées chez l’ensemble des organismes eucaryotes». Une constatation qui permet d’affirmer que ces protéines sont importantes, peut-être même indispensables, pour le bon fonctionnement de la cellule eucaryote. C’est grâce à l’utilisation de mutants (voir plus haut) que l'équipe de génétiques des microorganismes a mis le doigt sur certaines protéines intéressantes. L'utilisation d'un programme informatique de comparaison systématique a ensuite permis de repérer la présence de protéines homologues chez d’autres organismes, dont l’homme.

«A terme ces recherches visent à mettre en évidence des pistes thérapeutiques, poursuit Pierre Cardol, Chlamy sert aussi de modèle pour étudier l’impact de mutations responsables de certaines déficiences chez l’homme. Mettre en lumière ces mutations permet d’avancer dans l’élaboration d’éventuels traitements ».

Page : précédente 1 2 3 4 5 suivante

 


© 2007 ULi�ge