Une mine d'or génétique
Petite mais riche !Du haut de sa cellule unique, Chlamydomonas reinhardtii impressionne avec ses 121 millions de paires de bases et ses 15.000 gènes. Un nombre particulièrement élevé pour un organisme unicellulaire. A titre de comparaison, le génome de la levure du boulanger (Saccharomyces cerevisiae), ne contient « que » 13 millions de paires de bases. On comprend dès lors que Chlamy, comme la surnomment affectueusement les scientifiques, a donné du fil à retordre à la centaine de chercheurs impliqués dans le décryptage de son génome. Ces travaux ont duré 4 ans et ont principalement porté sur les mécanismes liés à la photosynthèse, à la nutrition et à la fonction des flagelles, sorte de cils, chez cette petite algue verte. Le but était de repérer les gènes qui interviennent dans ces mécanismes et de leur attribuer un rôle précis. Une démarche nécessaire pour mieux comprendre le fonctionnement d’une cellule eucaryote. Ainsi, tel un dictionnaire des gènes, Chlamy a servi à décoder la signification des «mots» qui composent son génome. Un grand pas en avant qui permet de mieux comprendre des «textes» plus complexes. Les deux visages de ChlamyChlamydomonas reinhardtii vit naturellement dans les sols des régions humides où ses colonies ressemblent à de fins tapis verts. Lorsqu’elle se retrouve dans de l’eau douce, cette algue a la particularité de produire deux flagelles qui lui permettent de se déplacer à toute vitesse sur une mince pellicule d’eau. Pourquoi a-t-elle été «élue» par les scientifiques ? Le répertoire génique de Chlamy est particulièrement intéressant : c’est une véritable mosaïque évolutive. En effet, Chlamy présente à la fois des caractéristiques propres au monde végétal et au monde animal. Comme les plantes, en présence de lumière solaire, elle fabrique de la matière organique à partir d’eau (H20) et de dioxyde de carbone (CO2). C’est la photosynthèse. D’un autre côté, comme certaines cellules animales, Chlamy développe des cils : les flagelles, qui servent à sa mobilité en milieu aqueux. Les protéines qui composent ces structures sont très semblables à celles que l’on trouve dans les cils des cellules de l’épithélium de la trachée, du tractus génital féminin ou de l’intestin chez l’homme par exemple. Ainsi, étudier la motilité des flagelles de cette algue apporte un éclairage sur la façon dont les cils participent aux processus de transit de microparticules et aux mouvements. Un petit être sans prétention comme Chlamydomonas reinhardtii peut donc aider les scientifiques à élucider les mystères de certains mécanismes complexes qui régissent le règne animal et végétal. Autre apport de cette algue à la science : il y a de fortes chances que grâce à son génome «mixte», elle livre une partie des secrets qui entourent l’ancêtre commun des plantes et des animaux. |
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||