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La caille japonaise : modèle expérimental

En quoi la caille japonaise (Coturnix japonica) représente-t-elle un bon modèle expérimental pour étudier le comportement reproducteur ? En fait, elle offre de nombreux avantages. D'abord, elle est très facile à manipuler en laboratoire et est nettement moins coûteuse qu'un rat, par exemple. Ensuite, elle est bien connue sur le plan physiologique et possède un cycle reproducteur très court – la maturité sexuelle est atteinte après six à sept semaines. Autre avantage: la différenciation sexuelle a lieu dans l'œuf, et non dans l'utérus comme chez le rat. Par conséquent, grâce aux techniques dont disposent aujourd'hui les chercheurs, la manipulation du fœtus est simple, alors qu'elle se révèle plus complexe chez la rate et aboutit éventuellement à un avortement.

Mais ce n'est pas tout. Le comportement sexuel de la caille est essentiellement déclenché par des stimuli visuels. Chez le rat, les signaux déclencheurs sont olfactifs, pour la plupart, et, partant, beaucoup plus difficiles à contrôler. En outre, contrairement à son homologue européenne (Coturnix coturnix), qui ne se reproduit qu'une fois par an, la caille japonaise est un animal dont le comportement sexuel est extrêmement actif et présent toute l'année pourvu que les sujets soient maintenus dans des conditions d'éclairement semblables à celles du printemps ou de l'été (plus de 12 heures de lumière par jour).


A cela une raison simple : elle a été sélectionnée par l'industrie pour produire rapidement et de façon continue des œufs et de la viande – c'est elle qui figure au menu des restaurants. La sélection artificielle dont elle a fait l'objet a été telle que la femelle n'incube plus : elle dépose ses œufs sur le sol et s'en va. Lâchée dans la nature, elle serait donc incapable de se reproduire.

Comme l'indique le professeur Jacques Balthazart, du Centre de Recherches en Neurobiologie Cellulaire et Moléculaire de l'ULg, la caille japonaise constitue, par rapport au rat, et a fortiori à l'homme, un modèle simplifié sur le plan du contrôle du comportement sexuel. En effet, chez elle, ce contrôle dépend très largement du cerveau reptilien, et fort peu d'influences corticales.

Ainsi, un mâle et une femelle qui ont été privés de partenaires sexuels durant vingt-quatre heures s'accoupleront presque instantanément, alors qu'il faudra attendre dix ou vingt minutes chez le rat. Ce dernier attache beaucoup plus d'importance au choix du partenaire et aux facteurs environnementaux.


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