La maladie de Crohn est sournoise. Elle n’est pas par elle-même mortelle, mais elle est chronique, très invalidante et incurable. Cette inflammation du tube digestif s’attaque prioritairement à l’intestin et au côlon. Les phases de poussées de la maladie alternent avec des phases de rémissions. Les principales manifestations de la maladie sont des douleurs abdominales et des diarrhées éventuellement accompagnées de saignements. L’état général du patient peut être affecté : amaigrissement, fatigue, fièvre, perte d’appétit… La maladie peut s’accompagner de complications plus ou moins graves, nécessitant une hospitalisation : occlusion intestinale, abcès, voire perforation du tube digestif.
La maladie de Crohn est typiquement multifactorielle : au moins trois zones génétiques différentes ont déjà été identifiées qui jouent manifestement un rôle dans le développement de la maladie. Et les chercheurs s’attendent à en trouver d’autres, peut-être 5 à 10 fois plus ! Mais on sait aujourd’hui, pour avoir réalisé des études sur des vrais jumeaux, que la composante génétique ne pèse pas plus de 50%. Il faut aussi compter avec les facteurs environnementaux. Le tabagisme favorise l’apparition de la maladie. On soupçonne également des facteurs alimentaires, mais les évidences scientifiques restent insuffisantes. La maladie pourrait aussi être influencée par un agent microbien, un virus ou une bactérie.
Pendant de longues années, les médecins ont soigné la maladie de Crohn avec de anti-inflammatoires courants (corticoïdes) et des médicaments agissant sur le système immunitaire (immunosupresseurs). Mais le milieu des années ‘90, de nouveaux traitements ont vu le jour, qui ciblent de manière plus subtile les mécanismes inflammatoires impliqués dans la maladie de Crohn. Il s’agit principalement d’anticorps neutralisant l’action de substances importantes dans le développement de l’inflammation intestinale, notamment les anti-TNF. Plus efficaces, ils gardent néanmoins des effets secondaires indésirables. Lorsque le patient ne répond pas aux traitements disponibles, il faut encore souvent recourir à la chirurgie. Elle consiste, en l’occurrence, à enlever une partie du tube digestif. L’enjeu des recherches actuelles, comme celle rapportée ici, est de mettre au point des médicaments plus efficaces et avec moins d’effets secondaires, qui s’attaqueraient aux causes précises de la maladie de Crohn.
Un gène de la maladie de Crohn identifié Il est possible de trouver une aiguille dans une botte de foin ! La preuve : des chercheurs ont identifié, dans l’immense alphabet génétique (3 milliards de caractères !), quelques lettres qui prédisposent à la maladie de Crohn. Plus de 1700 patients ont prêté leur concours à cette recherche de longue haleine, qui ouvre une perspective nouvelle pour le développement d’un médicament. |
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Maladie de Crohn, des mutations génétiques protectrices Une équipe liégeoise avait déjà découvert une mutation génétique qui prédispose à la maladie de Crohn. Ils récidivent mais, cette fois, en découvrant des mutations qui nous protègent de cette maladie. |
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La génétique de la maladie de Crohn décodée La maladie de Crohn est aujourd’hui la maladie dont on connaît le mieux le génome. Et les chercheurs se demandent si, comme d’autres maladies auto-immunitaires, elle n’est pas le revers des luttes livrées naguère par notre organisme contre de terribles microbes comme la peste. |