Apollinaire, Guillaume (1880-1918)

Poète français – de son vrai nom Wilhelm Apollinaris Albertus de Kostrowitzky –, né à Rome et mort à Paris. Fils d'une aristocrate polonaise exilée et d'un officier italien qui ne le reconnaîtra pas, il est amené, après des années de lycée un brin chahutées à Monaco, Cannes et Nice,  à voyager durant sa jeunesse à travers l'Europe : Stavelot dans les Ardennes belges, la Rhénanie en Allemagne ainsi que l'Autriche-Hongrie, enfin Londres outre-Manche. Périples qui resteront pour lui, en particulier par suite des amours qui les ont accompagnés, une précieuse source d'inspiration poétique. Revenu à Paris, il publie ses premiers textes dans des revues littéraires telles que La Revue blanche et La Plume, fréquente un groupe de poètes où l'on reconnaît Alfred Jarry, André Salmon, Paul Fort et Max Jacob, se lie avec des peintres au premier rang desquels se détache Pablo Picasso, sans parler de sa rencontre à bien des égards décisive avec l'artiste Marie Laurencin. C'est dans cette bohème de Montmartre qu'il participe, tout en les stimulant comme personne, à tous les mouvements d'avant-garde en matière esthétique. Ses œuvres en témoignent qui, de L'Enchanteur pourrissant (1909) et L'Hérésiarque et Cie (1910) jusqu'à Alcools (1913) et Calligrammes (1918), ouvrent résolument la porte sur la modernité : vers libres, suppression de la ponctuation, recours aux blancs, cascade d'images, associations insolites, représentation typographique d'objets évoqués, tous ces procédés qui rappellent passablement le cubisme traduisent l'Esprit Nouveau dont Apollinaire a été le pionnier et qu'il définit comme un moyen pour « exalter la vie » sous toutes ses formes. Et pourtant, ce novateur a aussi été un continuateur, ne fût-ce que par l'écho romantique de sa poésie,  élégiaque quand il se sent « mal-aimé », lyrique quand il déclare son amour à Lou durant la guerre. Car ce poète, critique d'art à ses heures, s'engage en 1914 dans l'artillerie ; mais, blessé à la tête par un éclat d'obus en 1916, il meurt l'avant-veille de l'Armistice, terrassé par la grippe espagnole.