Michaux, Henri (1899-1984)

Poète belge francophone, naturalisé français en 1955 et décédé à Paris où il s'était installé depuis 1924. Elève des jésuites au Collège Saint-Michel de Bruxelles, déjà habité alors par une angoisse existentielle, il découvre les romans de Tolstoï et Dostoïevski, mais c'est plus tard – après avoir abandonné ses études de médecine et à l'époque de ses voyages en haute mer comme matelot – qu'il lit Lautréamont, poète qui le poussera à écrire. Qui je fus (1927) traduit déjà ses interrogations face à l'opacité du monde et sa méfiance obstinée à l'égard de la soi-disant transparence du langage. D'où une œuvre riche en trouvailles lexicales et autres acrobaties verbales, non dénuée d'humour, qui se ressent d'une blessure originelle de nature métaphysique : La nuit remue (1935) et Plume (1938), notamment, témoignent de cette étonnante autant que troublante inventivité, servie par une prose maniée comme un laser. Explorateur de l'énigme humaine ainsi que de nombreuses régions de la planète (Ecuador, 1929; Un barbare en Asie, 1933), il le sera aussi de l'inconscient, recourant à cette fin à des substances psychotropes telles que la mescaline. De ces expérimentations, menées sous la conduite d'un médecin, restent aujourd'hui dessins et peintures, autres créations d'une personnalité toujours à l'écoute de ses « voix intérieures » et sans cesse curieuse de son « espace du dedans ».