Toutankhamon, fruit d’un inceste ?

Masque Toutankhamon


La filiation de Toutankhamon reste l’objet de débats, comme celle de beaucoup de souverains égyptiens. Dans le Journal of the American Medical Association du 17 février 2010, Zahi Hawass, le très médiatique chef du Conseil Suprême des Antiquités Égyptiennes, dévoilait les résultats d’une analyse d’ADN pratiquée sur une quinzaine de momies royales du Nouvel Empire, dont celle de Toutankhamon. Selon cette étude, l’ «enfant roi», mort à 19 ans, serait issu d’une union incestueuse entre son père, Akhénaton, et une sœur de celui-ci. Sa mère serait donc aussi sa tante, et non la reine Néfertiti. Le livre de Dimitri Laboury, achevé avant cette annonce, n’en parle pas. Interrogé à ce propos, l’auteur, tout en soulignant l’importance de ces nouvelles recherches, précise qu’il convient cependant, d’une manière générale, de rester très prudent concernant les analyses d’ADN antique, car il s’agit d’une matière hautement contaminable et corruptible. Au fil des millénaires qui ont suivi leur inhumation, les momies royales du Nouvel Empire ont été régulièrement déplacées et mélangées. Elles peuvent donc avoir été en contact avec l’ADN d’autres momies, sans compter les risques de contamination par de l’ADN moderne. C’est ainsi qu’une analyse d’ADN pratiquée sur une série de momies humaines et sur celle d’un chien, ayant vécu de manière certaine à des moments différents, étalés sur une période de plus de 150 ans, a abouti à la conclusion qu’ils étaient tous… frères et sœurs. Même le chien… S’il est avéré que l’inceste n’était pas tout à fait exceptionnel dans l’Antiquité égyptienne, il semble donc encore difficile d’en établir la preuve absolument certaine dans ce cas précis. Les recherches novatrices menées par l’équipe de Z. Hawass ouvre donc de nouvelles perspectives, qu’il convient sans aucun doute de prolonger par d’autres prélèvements complémentaires.