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La mémoire multiple

En 1995, le chercheur canadien Endel Tulving, de l'Université de Toronto, suggéra l'existence de cinq systèmes de mémoire principaux.

Le premier est la mémoire épisodique. Elle permet le stockage et la prise de conscience d'épisodes personnellement vécus par le sujet - hier, je suis allé assister à un match de football avec mon cousin. En quelque sorte, elle est le support de son histoire individuelle. Lésée, elle conduit à l'amnésie.

La mémoire sémantique, elle, sert à l'acquisition de connaissances générales sur le monde. Grâce à elle, nous savons non seulement que Rome est la capitale de l'Italie et que Ronald Reagan fut président des Etats-Unis, mais aussi que, dans un restaurant, il convient de s'asseoir, de consulter le menu, de manger, de réclamer l'addition et de payer. Ce système de mémoire renfermerait également une carte cognitive des lieux connus - villes, maisons, etc.

Avec une certaine expérience, un automobiliste finit par débrayer de façon automatique lors de chaque changement de vitesse. Selon Tulving, un tel processus est imputable à un troisième système mnésique : la mémoire procédurale, laquelle est impliquée dans l'apprentissage de nouvelles habiletés perceptives, motrices ou cognitives. Difficilement accessibles à la verbalisation, les connaissances qui y sont stockées reposeraient sur des apprentissages ne pouvant s'acquérir que par l'action. La mémoire procédurale est la clé de voûte de la mémoire implicite (qualifiée aussi de non déclarative). Dans sa composante perceptive, la mémoire procédurale dépend essentiellement des cortex sensitifs associés (visuel, auditif, etc.). Dans sa composante motrice, où l'on distingue la mémoire des séquences motrices (jouer du piano, taper à la machine...) et l'adaptation (par exemple, suivre au moyen d'un joystick un point mobile sur un écran), elle dépend principalement du cervelet, du striatum et du cortex.

Quatrième pièce du puzzle mnésique : les systèmes de représentation perceptive (PRS). Ils prennent en charge le stockage de la forme et de la structure des objets, des visages et des mots, à l'exclusion de leurs propriétés sémantiques (signification).

Tant les mémoires épisodique, procédurale et sémantique que les systèmes de représentation perceptive ont trait à la mémorisation à long terme. Le court terme est l'apanage du cinquième système de base: la mémoire de travail, dont la mission est de maintenir temporairement une petite quantité d'informations sous une forme aisément accessible pendant la réalisation de tâches cognitives diverses - je garde en tête deux nombres à additionner mentalement pendant que je réalise les opérations cognitives imposées par ce calcul.

La littérature scientifique se réfère souvent aussi à la mémoire autobiographique. Que recouvre-t-elle ? Plus large que la mémoire épisodique, elle peut se définir comme la mémoire de toutes les informations personnelles relatives à notre passé. Autrement dit, elle porte sur des souvenirs épisodiques intégrés dans une base autobiographique sémantique, laquelle renferme des connaissances générales sur nous-mêmes et sur le monde – à l'époque où j'étais jeune chercheur à l'Université de Liège, j'ai...

Enfin, la mémoire déclarative, est considérée en quelque sorte comme la somme de la mémoire épisodique et de la mémoire sémantique. Elle est constituée de connaissances explicites enregistrées que l'on peut évoquer de façon consciente sous la forme de mots. Elle est généralement assimilée à la mémoire explicite. Son principal support cérébral est l'hippocampe.


 


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