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Le virus de Schmallenberg
25/07/2012

Les chercheurs liégeois ont publié un article reprenant les faits cliniques, pathologiques, virologiques et épidémiologiques rendus public durant les six premiers mois de l’émergence du virus de Schmallenberg dans la revue Antiviral Research (3).

Une nouvelle vague d’infection attendue pour le printemps-été 2012

Il est difficile de chiffrer exactement le nombre d’exploitations touchées par cette nouvelle épidémie en Europe puisqu’elle continue d’évoluer, mais on parle de plus de 3500 élevages atteints, ovins, caprins et bovins confondus. « Le vecteur a besoin d’endroits humides et relativement chauds, comme les étables, pour survivre. Mais les épisodes plus froids de cet hiver ont empêché la circulation des culicoïdes au cours des derniers mois », indique Mutien-Marie Garigliany. S’il y a donc eu une accalmie de l’épidémie pendant l’hiver, une nouvelle vague d’infection est attendue, mais probablement de plus faible ampleur, avec l’arrivée des beaux jours et des nouveaux veaux.

En ce qui concerne l’évolution de l’épidémie dans les mois à venir, il semblerait que le gros de la tempête soit passé. « Il est probable que certains animaux adultes présentent encore des signes cliniques et que quelques jeunes ruminants naissent avec des malformations pendant la prochaine saison, mais ensuite cela devrait s’arrêter pendant au moins quelques années », reprend le chercheur. « La plupart des animaux auront été infectés et une fois que les mères présentent un taux important d’anticorps dans le sang, ce qui est le cas de 70 à 90% des bovins en Europe, ces anticorps sont neutralisants et empêchent le virus de passer la barrière transplacentaire », poursuit Mutien-Marie Garigliany. Ainsi, le virus de Schmallenberg ne devrait bientôt plus être capable de causer trop de dégâts.

A plus long terme, il se peut cependant que le bétail européen redeviennent progressivement naïf - c’est-à-dire séronégatif pour le virus de Schmallenberg - ou tout simplement que tout le cheptel soit renouvelé d’ici 5 à 6 ans, et l’on pourrait alors assister à une nouvelle épidémie.

Pas de risques sanitaires pour l’homme

Si l’idée de la mise au point d’un vaccin contre le virus de Schmallenberg pour les ruminants a été évoquée au début de l’épidémie, celle-ci a été relativement vite abandonnée pour l’instant car le temps que ce vaccin voit le jour sur le marché, 100% des ruminants auront été infectés par ce virus et seront immunisés.

Quant aux risques pour la santé humaine, ils semblent nuls. « Le virus n’induit pas de signes cliniques chez l’homme. Mieux encore, les hommes ne séroconvertissent pas, c’est-à-dire qu’ils ne produisent pas d’anticorps, même après un contact étroit avec les bêtes malades. Cela montre que le virus de Schmallenberg est incapable d’infecter l’homme », explique Mutien-Marie Garigliany. « Nous avons également fait des tests sur des souris et nous obtenons un résultat identique. Il y a donc une barrière des espèces ». 

L’équipe du laboratoire de Pathologie poursuit actuellement ses recherches sur la biologie du virus de Schmallenberg et tente notamment d’en savoir plus sur ce qui empêche ce virus de franchir cette barrière des espèces. « Nous étudions si cela risque de changer car les conséquences d’une infection de ce virus chez l’homme pourraient être dramatiques », conclut le scientifique. 

(3) Garigliany, M-M., Bayrou, C., Kleijnen, D., Cassart, D., Jolly, S., Linden, A., Desmecht, D., Schmallenberg virus: a new Shamonda/Sathuperi-like virus on the rise in Europe, Antiviral Research (2012), doi: http://dx.doi.org/10.1016/j.antiviral.2012.05.014

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