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Le virus de Schmallenberg
25/07/2012

Les cellules nerveuses en ligne de mire

Tout comme le virus responsable de la maladie de la langue bleue (BTV pour « bluetongue virus ») (Lire l'article : La lutte contre la maladie de la langue bleue), le virus de Schmallenberg se transmet d’un animal à l’autre par l’intermédiaire d’un vecteur : les culicoïdes. En effet, des chercheurs de l’University College of London ont démontré que certains de ces moucherons piqueurs sont porteurs du nouveau virus, notamment des culicoïdes prélevés en automne 2011… « Ce qui est extraordinaire », reprend Mutien-Marie Garigliany, « c’est que tout en ayant une virémie très courte, ce virus a réussi à infecter une large majorité des ruminants en Europe. Cela pose question », souligne-t-il. « N’existerait-il pas d’autres moyens de transmission de ce virus ? Plusieurs équipes étudient actuellement cette hypothèse », poursuit le chercheur. 

Le vecteur n’est pas le seul point commun entre le virus de la bluetongue et le virus de Schmallenberg. En effet, comme son prédécesseur, ce dernier peut induire des lésions nerveuses chez les fœtus infectés. « Si l’infection se produit au cours d’une certaine fenêtre de la gestation, suffisamment tard pour qu’un placenta soit en place et suffisamment tôt dans le développement du fœtus, le virus peut atteindre certains tissus et causer des malformations », explique Mutien-Marie Garigliany.

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Le virus de Schmallenberg s’attaque entre autres aux cellules nerveuses et induit leur destruction progressive. Selon le stade de développement auquel le fœtus est infecté, les symptômes varient. Plus tôt le fœtus est en contact avec le virus au cours de son développement, plus il y a de risques d’avortement car les malformations causées ne sont pas compatibles avec la survie du fœtus. Dans la plupart des cas cependant, les jeunes naissent à terme ou légèrement avant et présentent principalement des anomalies au niveau de l’encéphale, notamment de l’hydrocéphalie. « Globalement, l’encéphale est constitué de ventricules, cavités contenant du liquide céphalorachidien, et d’un cortex de tissu nerveux », indique le scientifique. « En temps normal le cortex est épais et les ventricules petits, mais dans le cas d’hydrocéphalie ces proportions s’inversent. Les ventricules occupent une grande place et, dans les cas extrêmes, le cortex n’est plus qu’une fine membrane de tissu nerveux. On parle alors d’hydranencéphalie ».        

Etude d’un cas atypique

Mi-janvier dernier, le Professeur Daniel Desmecht, Mutien-Marie Garigliany et Calixte Bayrou, assistant au laboratoire de Pathologie, se sont vu confier un cas quelque peu atypique. « Nous avons eu la chance de pouvoir étudier un veau vivant et viable malgré une quasi absence d’encéphale », révèle Mutien-Marie Garigliany. « Cela nous a permis d’observer les signes nerveux associés aux lésions de l’encéphale sur un animal vivant ».  L’animal a ensuite été euthanasié pour des raisons éthiques. « Nous avons alors fait des tests pour nous assurer de la présence du virus de Schmallenberg au niveau des lésions ainsi que des tests permettant d’exclure l’implication d’autres virus », précise le chercheur. Ces travaux ont fait l’objet d’une publication en juin dans la revue Emerging Infectious Diseases (1).

(1). Schmallenberg virus in calf born at term with porencephaly, belgium. Garigliany MM, Hoffmann B, Dive M, Sartelet A, Bayrou C, Cassart D, Beer M, Desmecht D. Emerging Infectious Diseases. 2012 Jun;18(6):1005-6. doi:10.3201/eid1806.120104.

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