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Risque de disparition d’arbres en Afrique centrale

17/01/2017

Le risque de disparition de certaines espèces d’arbres en Afrique centrale : une préoccupation majeure, selon Julie Morin-Rivat et Adeline Fayolle de Gembloux Agro-Bio Tech / Université de Liège, qui rappellent le rôle… bénéfique des perturbations humaines dans la gestion des forêts

Terminalia superba  © Julie Morin-RivatLa dynamique à long terme des forêts tropicales est assez mal connue, contrairement aux forêts de l’hémisphère nord. C’est l’intérêt des travaux menés par Julie Morin-Rivat, dans le cadre de sa thèse de doctorat à Gembloux Agro-Bio Tech / Université de Liège, au sein du service de Gestion des ressources forestières du Pr Philippe Lejeune, en collaboration avec le Musée royal de l’Afrique centrale.

Dans une publication dans la revue eLife, Julie Morin-Rivat, Adeline Fayolle et leurs collègues s’attachent au rôle des perturbations humaines dans la régénération des forêts tropicales. Mais le point de vue est étonnant : c’est parce que l’homme en Afrique ne vit plus dans la forêt que celle-ci est menacée !

Les arbres héliophiles dominent la canopée des forêts d’Afrique centrale et sont actuellement exploités pour leur bois. Mais les populations de ces arbres vieillissent et trop peu de jeunes arbres croissent pour les remplacer. C’est une préoccupation majeure pour l’avenir de ces forêts, affirment les chercheurs.

Quelle est l’origine de cette situation ? Dans cette étude, les chercheurs se sont focalisés sur quatre espèces d’arbres héliophiles dans le bassin nord du Congo. Ils ont constaté que la plupart de ces arbres avaient environ 165 ans, c-à-d. qu’ils ont commencé à croître au milieu du 19e siècle.

C’est là que l’écologie forestière et l’histoire de la colonisation se rejoignent… Les données historiques récoltées par les chercheurs montrent notamment que c’est avec l’arrivée dans ces régions, autour des années 1850, des colons européens que les populations locales ont commencé à sortir des forêts et à être déplacées, pour des facilités administratives et commerciales, le long de routes et nouveaux axes de communication.

Les forêts ainsi désertées devenaient certes moins « perturbées », mais ce n’était pas dans leur intérêt. En effet, un certain niveau de « perturbations humaines » s’avère nécessaire à la pérennité des massifs forestiers, en particulier pour les espèces héliophiles. Les clairières créées à l’époque par l’homme pour satisfaire ses besoins (habitat, chauffage, cuisson des aliments…) s’avéraient être un système globalement bénéfique à l’équilibre global de la forêt tropicale. Par contre, les coupes industrielles actuelles respectant les normes nationales et internationales ne sont pas optimales car elles ne permettent pas d’ouvrir des espaces suffisants pour ces espèces héliophiles. Pour les chercheurs, des traitements complémentaires (d’autres « perturbations humaines ») apparaissent nécessaires (abattage sélectif, plantation d’espèces menacées) pour garantir la survie de ces écosystèmes forestiers spécifiques.

Julie Morin-Rivat, Present-day central African forest is a legacy of the 19th century human history, DOI: http://dx.doi.org/10.7554/eLife.20343


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