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Méliès, le magicien du fantastique
19/07/2012

On décèle par ailleurs dans la filmographie de Georges Méliès toute une série de thèmes qui traverseront par la suite le genre fantastique. Comme la question du double, que l’on retrouve notamment dans L’homme à la tête de caoutchouc (la tête gonflée est la même que celle du laborantin). Ou encore celle de la communication avec l’au-delà, « thématique importante du fantastique  que la découverte d’un autre monde et la communication entre deux univers. » Un aspect que l’on retrouve entre autres dans Le Monstre (1903), racontant l’histoire d’un pharaon qui demande à un prêtre de faire revenir sa dulcinée à la vie. Ce dernier habille le squelette d’un voile et fait obéir cette créature au doigt et l’œil, avant de lui rendre véritablement apparence humaine. Enfin, il suffit de parcourir les titres de ses œuvres pour se rendre compte que le surnaturel n’est jamais bien éloigné de l’univers « mélièsien » : Le manoir du diable, L’auberge ensorcelée, Le revenant, Le Royaume des fées, Faust aux enfers, Les 400 farces du diable, La prophétesse de Thèbes, L’alchimiste Parafaragamus

« Finalement, ce qui m’intéresse le plus chez Méliès, c’est ce que j’étudie depuis le début de ma carrière : la représentation du corps au cinéma, explique Dick Tomasovic. Comment décide-t-on de représenter un corps en mouvement ? Cela véhicule tout un imaginaire et nous en apprend beaucoup sur une époque, une idéologie. »

Se (re)plonger dans ce cinéma des premiers temps permettrait enfin de trouver des réponses aux questions soulevées par le septième art actuel, à l’heure où celui-ci construit un nouveau genre, à mi-chemin entre prises de vue réelles et animation. On pourrait entre autres citer Avatar, Les aventures de Tintin, Les Avengers, La nuit au musée… Autant d’œuvres hybrides, qui s’affranchissent de la logique des genres. « Aujourd’hui, si un réalisateur ne maîtrise pas toutes ces nouvelles techniques, il fera difficilement carrière ! Presque tous les films en utilisent », souligne le chercheur. Selon lui, cette hybridation serait le signe d’une volonté de retrouver cette force extatique des origines. Georges Méliès a encore sans doute plus d’un éclairage à apporter à l’histoire du cinéma…

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