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Femmes de pouvoir
02/07/2012

Cette dernière est avant tout « une héritière de principautés territoriales, aux confins occidentaux du Saint-Empire, qui s'est trouvée, à l'âge de 15 ans, à la tête de trois comtés, occupant une position stratégique dans la géopolitiques du temps, et qui, 16 ans plus tard, a dû renoncer définitivement à leur possession », écrit Éric Bousmar (Saint-Louis, Bruxelles), qui lui consacre un long chapitre sous-titré L'inévitable excès d'une femme au pouvoir ? Fille de Guillaume IV de Hainaut (aussi connu sous le nom de Guillaume VI de Hollande) et de Marguerite de Bourgogne, la soeur de Jean Sans Peur, Jacqueline de Bavière, alors qu'elle n'est âgée que de 16 ans, se retrouve veuve du dauphin de France Jean de Touraine, son premier mari, et dans le même temps orpheline de son propre père Guillaume IV (par conséquent, elle devient également héritière des trois comtés de ce dernier). Nous sommes en 1417. Encore sans héritier direct pour les trois comtés, mais guidée aussi par un dessein de collaboration politique, Jacqueline fait le choix stratégique de se remarier à Jean IV, duc de Brabant et de Limbourg. Jacqueline-de-BavièreRapidement cependant, dans une querelle de succession, Jacqueline se voit dépossédée des deux-tiers de ses terres et son honneur de princesse territoriale bafoué. Elle est ainsi placée, selon Éric Bousmar, « au coeur d'une contradiction entre le devoir de subordination conjugale, inhérent à son statut d'épouse, et ses devoirs princiers, essentiels à sa qualité d'héritière ».

Loin d'être condamnée à la passivité, Jacqueline fait alors le choix radical, après plusieurs années de lutte acharnée pour faire valoir ses droits, de quitter son époux. Elle se remariera en 1422, en Angleterre, avec le duc Humphrey de Gloucester, qui bientôt l'aidera à entreprendre la reconquête de ses territoires, que Jean IV estime désormais siens. En 1425, Jacqueline de Bavière la « preude femme » à jamais soucieuse d'apparaître comme une femme de pouvoir légitime, sera pourtant tenue à nouveau en échec face à son second mari, et capitulera définitivement en 1433, traité à l'appui — dans lequel elle sera forcée d'écrire : « nous, qui sommes femme, n'y sommes pas crainte, ne obéye si bien qu'il appertient (...), ne pouvons si bien entretenir, régir et gouverner en bonne paix, union, équité et transquillité que vouldrions et bien besoing seroit ». Elle décèdera trois ans plus tard.

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