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Des cellules tueuses
12/07/2012

Les femmes ayant une réponse immunitaire déficiente, comme celles atteintes du SIDA, développent plus fréquemment un cancer du col de l'utérus ce qui suggère que le système immunitaire joue un rôle important dans la lutte contre cette tumeur. Cependant, les cellules impliquées dans cette réponse immunitaires ne sont pas bien définies. « Dans la littérature, une infiltration de cellules NK a été décrite dans les lésions associées à l'infection par l'HPV alors que ces cellules sont très rares dans les tissus normaux correspondant à ces lésions. Nous avons confirmé cette infiltration de cellules NK avec un marqueur plus spécifique pour ces cellules et nous avons donc voulu étudier l’interaction entre ce virus et ces lymphocytes. »


Pour étudier l'interaction entre le virus et les cellules, il n'était pas possible d'utiliser directement le virus car celui-ci est très difficilement produit en laboratoire car il nécessite des cultures cellulaires en 3 dimensions. « Nous avons donc mené nos expériences en utilisant des virus like particules (VLP). Extérieurement, ces pseudoparticules virales ressemblent au virus mais elles ne contiennent pas son matériel génétique. Ce sont ces mêmes VLP qui sont à la base des vaccins existant contre le cancer du col de l’utérus. »

Grâce à ces pseudoparticules virales,  l’équipe de l’ULg a démontré que la cellule NK était capable de reconnaître le virus et de l'internaliser grâce à un récepteur présent à leur surface, le CD16.  De manière intéressante, lorsque les cellules NK interagissent avec le virus elles produisent des cytokines (i.e. l'interféron-γ) qui peuvent amplifier la réponse immunitaire. Comme les cellules NK sont des cellules tueuses, leur activité lytique a également été analysée. Les pseudoparticules virales induisent la libération des perforines et granzymes contenus dans les granules cytotoxiques des cellules NK. Les cellules tumorales HPV+ qui expriment des molécules reconnues par les récepteurs activateurs des cellules NK sont alors lysées plus efficacement. Par contre, les cellules épithéliales normales, qui n'expriment pas de molécules pouvant être reconnues par les cellules NK, ne sont pas sensibles à leur activité cytotoxique en présence des VLP. « Ces résultats nous permettent d'imaginer que les cellules NK ont donc un rôle dans la lutte contre l’infection par les HPV. Mais nous sommes les premiers à avoir montré l’activité de ces cellules dans cette pathologie, et tout le monde n’est pas encore prêt à nous croire. A nous de les convaincre en continuant à mieux comprendre les mécanismes d'action de ces cellules  »

Ces recherches novatrices sur le rôle des NK contre le développement du cancer du col de l’utérus pourraient mener à envisager de nouvelles manières plus efficaces de prévenir la maladie. Quoi qu’il en soit, ces cellules n’ont pas encore livré tous leurs secrets et nous promettent encore de belles surprises.

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