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Des cellules tueuses
12/07/2012

Des cellules longtemps restées dans l’ombre

Les lymphocytes NK ont été observés pour la première fois dans les années 1970, mais ont encore beaucoup de secrets à livrer. « Il est vrai, pondère Nathalie Jacobs, que les scientifiques se penchent davantage sur la réponse immunitaire adaptative dont les acteurs sont les lymphocytes T ou B qui fournissent une immunité plus ‘sophistiquée’. De plus, les cellules NK sont une population minoritaire dans le sang, elles représentent moins de 10% des globules blancs sanguins. Jusqu’il y a peu, peu de récepteurs de ces cellules étaient connus ce qui les rendaient moins facile à isoler et à étudier »

Mais l’évolution de l’intérêt de ces cellules est loin d’être linéaire. Peu de temps après la découverte de ces cellules capables de s’attaquer spontanément aux cellules cancéreuses, les premières études sur ces cellules ont suscité un vif intérêt dans les laboratoires d’immunothérapie. « Dans le courant des années 80, retrace Nathalie Jacobs, des chercheurs ont essayé d'amplifier l'activité anti-tumorale des cellules NK, notamment en les mettant en présence de cytokine telle que l’interleukine 2 (IL2). Les cellules NK activées tuaient plus efficacement les cellules tumorales et des résultats très encourageants ont été obtenus chez des souris. »

A ces études ont succédé des essais cliniques qui n’ont malheureusement pas donné des résultats très probants. Il a en effet fallu administrer des concentrations élevées d’IL-2 pour pouvoir activer in vivo les cellules NK des patients cancéreux. Or, à forte dose, l’IL-2 est toxique. Ce qui revient à soigner un problème en en infligeant un autre. L’IL-2, de surcroît, active un autre type de cellules, les lymphocytes T régulateurs. Ces lymphocytes assurent une fonction régulatrice: ils contrôlent la réponse immunitaire afin d’éviter un emballement de celle-ci qui conduirait à des maladies auto-immunes. Dans le cas présent, ces cellules inhibaient les cellules NK, ces mêmes cellules que les chercheurs tentaient d’activer.

Parvenir à activer les cellules in vivo

« Suite à cet échec clinique, explique Nathalie Jacobs, et face à l’incompréhension du fonctionnement de ces cellules, l’engouement qu’elles avaient suscité est donc retombé. Maintenant que l'on commence à comprendre comment elles fonctionnent, l'intérêt pour ces cellules revient depuis quelques années. Et pour les stimuler sans activer d’autres cellules qui les inhiberaient, on tente de trouver d’autres cytokines qui seraient moins toxiques que l’interleukine 2, afin de pouvoir les utiliser en immunothérapie. » Plus largement, la découverte plus récente que ces cellules jouent un rôle important dans la réponse immunitaire comme pont entre la réponse immunitaire innée et adaptative fait que de nombreuses équipes s’y intéressent aujourd’hui.

L’équipe de Nathalie Jacobs s’est penchée sur un cas tout particulier, à la charnière des capacités de la cellule. « Nous nous focalisons sur les infections par certains papillomavirus humains (ou HPV), ces virus pouvant induire des cancers et notamment le cancer du col de l’utérus. Ce modèle nous offre donc la possibilité d'étudier la réponse anti-virale dirigée contre le virus, mais aussi la réponse anti-tumorale dirigée contre la tumeur induite par ces virus. »

Un cas d’étude double des réactions des NK, le modèle HPV

L’équipe de Nathalie Jacobs est la première équipe à émettre l’hypothèse que les cellules NK pouvaient reconnaitre les papillomavirus humains (HPV) et répondre à une infection par ces virus. Les HPV qui infectent les muqueuses sont très répandus. Au cours de leur vie, entre 50 et 75% des femmes seront infectées par ce virus. « Ceci étant dit, sur l’ensemble des femmes contaminées, moins d’1% développera un cancer du col de l’utérus alors que plus de 90% d’entre elles auront éliminé le virus dans les deux ans après l'infection. »

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