Les Belges, champions du « noir »
Cette enquête-ci, prévue à l’origine pour 4500 répondants, est donc restée limitée à un échantillon de 246 personnes. Malgré cette limitation, disent les chercheurs, le contenu et la qualité de l’instrument de recherche ne fait aucun doute. Ils ont donc traité cette enquête avec les réserves qu’imposent l’échantillon réduit, mais cela ne les a pas empêchés de formuler certaines observations éclairantes dans le cadre de la lutte contre la fraude. L’étude a été lancée sous l’acronyme « SUBLEC » pour « Survey on the black economy », enquête sur l’économie souterraine. Elle ne se limite pas au travail au noir et à la fraude aux contributions (cotisations) sociales, mais couvre également la fraude aux allocations et à toutes les formes possibles de fraude sociale. Elle a pour objectif d’informer les responsables politiques de l’ampleur de la fraude et de formuler des recommandations en vue d’améliorer la lutte contre les phénomènes étudiés. Quatre Belges sur dix achètent au noirLes résultats de l’enquête indiquent que 38,8% de la population belge ont acheté un bien (produit) ou un service (nettoyage, plomberie, jardinage…) au noir pendant les douze mois qui ont précédé la collecte d’informations, à l’été 2010. Ce pourcentage est bien plus élevé que celui fourni par l’Eurobaromètre pour la Belgique, et il est également supérieur aux chiffres européens. L’ampleur des achats de biens et services au noir est également considérable : le montant moyen de la plus grande dépense est de 1 553 €, alors que l’Eurobaromètre n’indiquait que 1 050 € pour la Belgique et 1 028 € pour la moyenne de l’Europe à 27 (EU27). Si on le multiplie par le montant moyen, le pourcentage de la population qui achète ou offre des biens ou des services au noir donne un volume moyen de la fraude par personne, et peut être exprimé par rapport au PIB. Les chiffres de l’étude donnent 1,9% du PIB comme montant moyen consacré à l’acquisition de biens et services en noir, et ils établissent à 0,6% du PIB la valeur globale du travail effectué au noir. Normalement, ces deux chiffres devraient être identiques, puisque l’offre répond à la demande. Mais les deux démarches ne sont sans doute pas considérées comme aussi avouables ! Manifestement, les Belges admettent plus facilement avoir acheté au noir que d’avoir, eux-mêmes, travaillé en noir. Cette dernière réalité est donc certainement sous-évaluée. |
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||