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Une clé pour faire reculer l’arthrose
06/07/2012

Petit point qui ne relève pas uniquement du détail : l’équipe liégeoise a été en première ligne de cette étude, depuis le début de la conception du protocole, jusqu’à sa rédaction en collaboration avec les médecins de Servier. C’est également au Pr Jean-Yves Reginster qu’est revenu le rôle de Président du Comité Scientifique de l’étude. Enfin, les Liégeois ont également réalisé les dosages des marqueurs sériques et urinaires du remodelage de l’os et du cartilage, dont l’analyse est encore en cours.

Ainsi que l’avait recommandé l’Agence Européenne du Médicament, les critères secondaires de cette étude se sont focalisés sur d’autres points. L’un d’entre eux a consisté à repérer le nombre de patients considérés comme des « répondeurs ». Ce mot recouvre ceux dont la progression du pincement articulaire n’a pas atteint un seuil pré-déterminé considéré comme hautement prédictif de devoir, à moyenne échéance (5 ans), recourir à une chirurgie visant au remplacement de l’articulation par une prothèse. Différents seuils ont été proposés dans la littérature et tous ont été analysés dans cette étude. Par ailleurs, les chercheurs se sont également attelés à évaluer et à analyser le bénéfice du traitement sur les symptômes de la maladie. Afin d’y parvenir, ils ont utilisé l’échelle WOMAC (Western Mac Master Ontario) : ce questionnaire de 24 questions permet de mesurer la sévérité des symptômes en évaluant les douleurs ressenties aux différents moments de la journée ou lors de différents gestes de la vie quotidienne, comme lorsqu’il faut enfiler ses chaussettes ou sortir du lit. « Cet indice comporte trois dimensions : la douleur, la raideur et la fonction articulaire », complète le Pr Reginster. 

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Un fleuve tranquille de 3 ans 

Le taux d’arrêt prématuré de traitement au bout de 3 ans s’est élevé à 42 %, un taux parfaitement conforme à ce qui a été publié dans la littérature internationale pour toutes les études du même type conduites dans l’arthrose des membres inférieurs contre placebo. « Pour les patients qui ont poursuivi leur traitement, on note une observance thérapeutique supérieure à 90 %, ce qui confirme, comme cela l’a également été montré dans l’ostéoporose, l’excellente tolérance du ranelate de strontium chez les patients traités par ce médicament. En terme de tolérance, aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre le placebo et les deux doses de ranelate de strontium pour les problèmes musculo-squelettiques, les infections, les problèmes gastro-intestinaux, les troubles du système nerveux central, les troubles vasculaires ou encore les problèmes cutanés. Aucun syndrome de DRESS (le Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms, une très forte réaction à un médicament, entraînant entre autres, de sévères éruptions cutanées) n’a été décrit », assure le Pr Reginster.

La révélation des résultats

Le travail publié dans Current Medical Research & Opinion détaille le processus, les objectifs et les conditions imposées pour étudier le ranelate de strontium dans l’arthrose. En revanche, il n’indique pas les résultats obtenus et laisse le suspense. Ce dernier a été levé avec la révélation des résultats en mars dernier, à Bordeaux, lors de la Conférence européenne de la santé des os, un important congrès réunissant des spécialistes et des chercheurs.
 
Pour l’objectif principal, pari gagné : « Au terme de 3 ans d’étude, les deux doses de ranelate de strontium ont permis de réduire de manière statistiquement significative la progression du pincement articulaire par rapport au groupe recevant un placebo », constate le Pr Reginster. En fait, la perte de cartilage observée a été réduite de 27 % dans le groupe des personnes prenant ces 2 grammes quotidiens. Pour le dire autrement, ces malades ont gagné 1 an de perte sur les 3 ans. Ce résultat est loin d’être mineur. En effet, il signifie que, pour une première fois, la dégénérescence du tissu a pu – en partie- être entravée.

Mais si cet effet est important c’est, aussi, parce qu’il devrait permettre de gagner du temps et de repousser le moment où, en raison de leurs douleurs ou de leur perte de mobilité, les patients sont contraints de se faire opérer et de remplacer leur articulation par une prothèse. Chez les personnes jeunes, comme les sportifs, confrontées à une telle perspective, tout gain de temps est spécialement intéressant à saisir. D’autant que si on remplace un genou à 70 ans, c’est sans doute pour le reste de la vie, alors que si l’intervention se déroule à 40 ans, compte tenu de l’activité d’un adulte de cette tranche d’âge, il faudra probablement recommencer l’opération une quinzaine d’années plus tard.

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