Harcèlement au travail : n’oubliez pas l'entourage !
Harceleur ou victime ?Avant de tirer les enseignements de cette étude, Adélaïde Blavier et Daniel Faulx n’ont pas manqué de s’interroger sur la validité du modèle liégeois, qu’ils ont testé ici en profondeur. En effet, comme toute avancée scientifique, ce modèle comporte évidemment des failles. Ainsi, par exemple, il se fonde uniquement sur les récits des interviews. De plus, il se limite à capter des processus tels qu’ils ont été compris, interprétés et recomposés par des personnes qui ont vécu un événement professionnel spécifique. Néanmoins, la concordance des différents témoignages accroit leur crédibilité et leur validité. Au final, « la combinaison de toutes les dimensions incluses dans ce modèle constitue une approche innovante qui devrait contribuer à apporter de nouvelles connaissances sur ce phénomène du harcèlement, ne serait-ce qu’en sortant d’une vision focalisée sur la victime. Ou en prenant en compte une perception dynamique, fidèle à l’évolution des situations », estime la psychologue. La faute aux autres« Dans les tribunaux, on rencontre souvent des inculpés qui s’attribuent complètement la position de victime, constate le Pr Blavier. Sur un plan personnel, ils ne voient pas ce qu’ils ont commis de répréhensible. Par ailleurs, ces personnes incriminent leur environnement et font peser sur lui la responsabilité ou la faute. Bref, tout le monde est coupable, sauf eux !» Xavier démontre parfaitement ce constat. Il justifie son comportement initial par le fait que professionnellement, «Anne n’y connaît rien ». Lorsqu’autour de lui, son attitude n’est plus admise, il pense : « Elle fait mal son boulot, elle est fragile et c’est moi qui suis puni ! ». De fait, au départ, en raison de ses hautes compétences professionnelles, il a été soutenu dans tout ce qu’il faisait. Le problème, c’est qu’il a étendu et interprété ce soutien du groupe et de la hiérarchie à toutes ses attitudes… Focus sur le harceleur« Ce travail a été très riche d’enseignements sur l’agresseur présumé. Il a mis en lumière le sens des mécanismes qui étaient à la base de ses comportements et ses justifications, insiste Adélaïde Blavier. A côté d’un indispensable soutien de la victime, cette étude permet donc de souligner également à quel point une intervention – pour autant qu’elle soit acceptée (et qui est maintenant souvent imposée par les autorités)- auprès des harceleurs présumés pourrait les aider à réfléchir à leurs comportements, tout en les incitant à se positionner dans d’autres modes relationnels et à ne pas aller trop loin. Parallèlement à ces types d’intervention, l’article suggère également des pistes ou des recommandations destinées aux spécialistes qui interviennent lors d’un signalement de cas de harcèlement. Tout d’abord, afin de bien cibler l’aide à apporter, il leur rappelle qu’il s’agit de déterminer si on se trouve dans une situation de harcèlement ou d’hyper-conflit, dans une relation complémentaire ou symétrique. Ici, par exemple, Xavier avait cessé son harcèlement. Mais la situation restait très conflictuelle… |
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||