Harcèlement au travail : n’oubliez pas l'entourage !
Le poids « des autres »L’analyse du groupe entourant Xavier et Anne révèle également une autre évolution de la situation : même les collègues qui, au début, étaient plutôt favorables à Xavier… ont fini par soutenir Anne. Ce soutien apporte un côté symétrique aux relations entre les protagonistes. Mais, au final, il conduit aussi Xavier à se vivre dans une position de victime… En effet, les collègues, relativement passifs lorsque la relation entre Xavier et Anne a commencé à déraper, interviennent désormais pour marquer leur désaveu. Du coup, Xavier a beau jeu de signaler que « personne ne voit tout ce qu’elle fait pour me blesser ». Le rôle du contexteLes explications des collègues, qui décrivent un climat général de tension dans le service, un manque de cohésion, outre une ambiance « gâchée » par cette affaire, viennent en tout cas confirmer les travaux des auteurs qui signalent que « les conflits dans un groupe, tout comme le manque de cohésion en son sein, font partie des facteurs de risques des situations de harcèlement, sinon une de ses causes », remarque le Pr Blavier. L’enquête menée sur le terrain, montre effectivement que l’attitude de la hiérarchie et du management a joué un rôle important dans l’installation et le maintien de la situation de harcèlement. Un retour de bâtonEn tout cas, Xavier ne se trompe pas dans sa perception du changement managérial. Lui qui, auparavant, était bien noté, s’est vu refusé une promotion et une augmentation de salaire, pourtant promises auparavant. En plus de la mauvaise réputation qu’il traîne désormais, il se sent donc « puni ». Au fait, cette décision hiérarchique sanctionne-t-elle une aggravation de l’attitude de Xavier à l’égard d’Anne ? Adélaïde Blavier suggère plutôt une autre hypothèse : c’est davantage la perception de la personnalité de Xavier et de son comportement qui a changé aux yeux de son entourage. La preuve ? Une lettre, qu’il avait envoyée à Anne sept ans plus tôt, n’avait pas, à l’époque, été considérée comme vraiment problématique (ce qu’elle était aux yeux d’Anne). Ou elle était passée pour ironique. Or voilà qu’à présent, elle est jugée inacceptable. C’est donc la valeur attribuée à certains actes qui a évolué dans l’organisation : ce qui était « jouable » avant… ne l’est plus. |
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