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Rendez-vous avec Vénus
14/05/2012

Dymond et Wales quittent donc le Royaume-Uni le 23 juin 1768 et arrivent le 9 août à destination. La température est effectivement agréable, mais des nuées de petites et grandes mouches, ainsi que des moustiques plutôt hargneux, gâchent singulièrement leur arrivée. Cependant, ces insectes disparaissent rapidement… et le froid s’installe. Dymond et Wales ont à peine fini de construire leur observatoire qu’ils retrouvent leur lit complètement gelé le matin ; une pinte de brandy devient solide en moins de cinq minutes, et ce alors même que le poêle fonctionne jour et nuit ! Fort Churchill est bien éloigné du paradis tempéré dont avait rêvé Wales… Heureusement, le printemps revient et, le jour du transit, tout se déroule parfaitement. Wales connaîtra juste quelques problèmes douaniers au retour, car il a rapporté des pièces d’artisanat local…


• Cook
James-CookCependant, l’expédition dans les mers du Sud est la plus importante. Car il ne s’agit pas seulement d’astronomie : une nation commerciale comme l’Angleterre, aussi puissante sur toutes les mers, se doit d’avoir une tête de pont dans l’océan Pacifique…

La Société Royale pensait confier la mission scientifique, cruciale entre toutes, à Alexander Dalrymple, un astronome qui avait déjà beaucoup voyagé. L’Amirauté ne veut pas en entendre parler, car le voyage du Paramour Pink en 1698 est encore dans toutes les mémoires. Conduite par Halley, cette expédition devait tenter de résoudre le problème des longitudes, mais l’astronome n’avait pu contenir l’équipage, et on avait même frôlé la mutinerie : le Paramour Pink était revenu bien vite au port. Suite à ce désastre, on avait décidé que les bateaux de Sa Majesté devaient désormais être commandés par des officiers de la Marine royale – et en tout cas jamais plus par un de ces fantasques astronomes, catégorie à laquelle appartenait incontestablement Dalrymple… L’Amirauté proposa donc de nommer comme chef de l’expédition un jeune lieutenant quasiment inconnu : James Cook.

Celui-ci était aussi astronome amateur : il avait observé l’éclipse d’août 1766, et son rapport avait été lu devant la Société Royale au grand complet. Celle-ci ne pouvait donc refuser, mais elle adjoignit à Cook un de ses membres, l’astronome Charles Green, beau-frère de William Wales. Un riche amateur d’histoire naturelle, Joseph Banks, se joignit à l’équipe – en payant probablement son voyage. L’équipe scientifique formée, il restait à choisir sa destination : il n’était pas question de se retrouver en pleine mer le jour du transit, à l’instar de Le Gentil en 1761.

Quelques semaines seulement avant le départ, un autre explorateur, le capitaine Samuel Wallis, était revenu de voyage ; il apportait une solution au problème, car il venait de découvrir une île en plein océan Pacifique, l’île du roi Georges III (la future Tahiti)… un endroit vraiment paradisiaque, peuplé d’indigènes peu farouches. Les femmes étaient en effet très libres et, comme les Tahitiens ne connaissaient pas le métal, elles accordaient leurs faveurs plus facilement encore en échange de cette précieuse substance. Les matelots esseulés avaient évidemment exploité ce penchant, tant et si bien que le bateau anglais avait pratiquement été démembré (quoi de plus métallique et de plus nécessaire… qu’un simple clou ?) ; le capitaine avait dû quitter l’île à la hâte en priant pour que son embarcation ne coule pas !


Observation-coolLe vaisseau Endeavour se mit en route le 26 août 1768 sous la direction de Cook. Ce dernier avait pris soin d’embarquer une importante cargaison de clous… et une cargaison de choucroute : on avait en effet découvert que ce mets permettait d’éviter le scorbut. Mais le palais anglais y était peu habitué ; pour convaincre ses hommes, le perspicace Cook fit d’abord servir la choucroute à la table des officiers. Cela ne rata pas : quelques jours suffirent pour que les marins exigent d’être traités de la même façon !

Après un voyage calme, l’Endeavour arrive à Tahiti deux mois avant le transit. Les Anglais érigent rapidement « Fort Vénus » (et l’endroit de la construction porte aujourd’hui encore le nom de « Pointe Vénus »). Mais ils découvrent rapidement le revers de la médaille : si les indigènes n’ont aucun sens de la propriété et offrent tout ce qu’ils (ou elles !) ont sans arrière-pensée, cela s’applique aussi aux avoirs anglais. Au nez et à la barbe des gardes, une partie du stock de clous disparaît ainsi un matin – certains pensent qu’il faut plutôt blâmer l’équipage que les insulaires… Cook se désole : ce vol va faire « baisser le cours du fer ». Et lorsqu’on ouvre la boîte censée contenir le quadrant astronomique, on la trouve vide ! À trois semaines du transit, ce vol tombe au plus mal.

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