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Rendez-vous avec Vénus
La France tient évidemment à maintenir sa réputation. Elle envoie six expéditions à travers le monde : à Pékin (Chine), Nagasaki (Japon), Saigon (Indochine), Nouméa (Nouvelle Calédonie), et sur les îles Campbell et Saint Paul. La malchance poursuivit cependant encore les Français : un malade à Pékin, un mort de la typhoïde à l’île Campbell, et un cyclone sur l’île Saint Paul, juste après une observation parfaitement réussie… au milieu des manchots. Quelques problèmes aussi pour l’expédition japonaise. Celle-ci essuie d’abord deux typhons pendant le voyage. Les observateurs décident ensuite de changer de site d’observation : en décembre, la météo de Nagasaki est paraît-il meilleure que celle de Yokohama, la ville initialement choisie. À peine sont-ils arrivés sur place – avec cinq cents porteurs pour hisser le matériel au sommet du mont de Kompira – qu'une tempête détruit un des télescopes. Et le ciel, plutôt clément, est cependant loin d’être parfait le jour du transit – alors qu’il est radieux à Yokohama… Pour la petite histoire, notons que l’astronome Pierre-Jules Janssen participe aussi à l’aventure. Baptisé le « spécialiste des phénomènes fugitifs » par un collègue, Janssen s’intéressait aux éclipses de Soleil. Il s’enfuit même de Paris en ballon en décembre 1870 – la capitale française était alors assiégée par les Prussiens – pour observer une éclipse à Oran, en Algérie… ; mais lorsqu’il y arriva, des nuages le privèrent de l’observation tant espérée ! D’éclipses de Soleil par la Lune aux éclipses de Soleil par Vénus, il n’y a qu’un pas que Janssen franchit sans faiblesse. Pour l’occasion, il invente même un « revolver photographique » pour réaliser des séquences d’images rapprochées – cet appareil est considéré comme le précurseur du cinématographe des frères Lumière (Janssen sera d’ailleurs l’un des premiers sujets cinématographiés par les célèbres frères !). À cause des progrès techniques, de moins en moins d’anecdotes émaillent ces nouvelles missions. En France, on venait d’inaugurer l’observatoire du Pic du Midi, et deux astronomes parisiens furent invités à observer le transit depuis ce tout nouveau perchoir. Suite aux rigueurs hivernales, ils doivent cependant abandonner leur route et décident de rester 300 mètres en-dessous du sommet ; trois porteurs trouvent la mort dans une avalanche soudaine. Le jour du transit, le sommet est ensoleillé, mais les astronomes ont droit à des gros nuages qui voilent le Soleil… Le désenchanté Newcomb et son équipe s’installent pour l’occasion dans un séminaire huguenot pour jeunes filles sis à Wellington, en Afrique du Sud. Newcomb entraîne personnellement les jeunes élèves, qui mesurent le phénomène en même temps que les professionnels : certains assurent même qu’elles obtinrent les Meilleurs résultats ! |
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