Les méandres de l'oubli
Second résultat important relatif à l'étape d'encodage : certaines régions cérébrales sont spécifiquement activées quand une information à retenir est encodée avec succès, alors que ce pattern d'activations n'a pas cours quand l'encodage réussi a trait à un item que les sujets avaient instruction d'oublier. Les régions concernées sont le cortex entorhinal droit, qui fait partie du complexe hippocampique, structure clé de la mémoire associative, le cortex frontal antérieur médian et l'insula. « L'implication de l'hippocampe lors de l'encodage des mots à mémoriser qui le furent avec succès montre que les sujets ont essayé de créer des associations entre chacun de ces mots et d'autres mots de la liste ou avec des événements personnels, ce qui favorise un encodage assez profond, indique Christine Bastin. Ainsi, chez tel ou tel participant, le mot "voiture" a très bien pu être mis en rapport avec la nécessité de changer prochainement les pneus de son véhicule ou de procéder au paiement de son assurance auto. » Richesse ou familiarité ?Venons-en à présent au versant de la récupération. La reconnaissance de mots à retenir alla de pair avec une activation de l'hippocampe postérieur gauche, du precuneus droit, de régions pariétales inférieures gauches et du cortex cingulaire postérieur. « L'hippocampe, de nouveau, et les régions pariétales sont typiquement activés lorsque quelqu'un se souvient d'un épisode dans toute sa richesse, c'est-à-dire avec les détails ayant présidé à son encodage, rappelle Christine Bastin. Autrement dit, ce dernier fut suffisamment profond pour garantir par la suite la récupération d'un souvenir riche en contenu. » Selon Fabienne Collette, une des conclusions de l'expérience menée à l'Université de Liège est que le phénomène de l'oubli dirigé est assez complexe, puisqu'il met en jeu des réseaux cérébraux particuliers. En outre, arriver à oublier volontairement une information n'est pas chose très aisée. Si elle a été traitée en profondeur au moment de l'encodage, elle a toutes les chances de réapparaître au sein de nos souvenirs. Ce sera alors en réponse au jeu de l'érosion et des interférences (oubli non intentionnel) qu'elle s'effacera peut-être un jour de notre mémoire. |
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