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La politique étrangère d’Obama : y avait-t-il un pilote dans l’avion ?
03/11/2016

« Obama s’est rendu compte de l’influence certaine de l’Arabie Saoudite dans la région, influence créée par le fait de l’absence d’une puissance régionale comparable. La réhabilitation de l’Iran devrait pallier ce manque et aboutir selon la stratégie suivie à augmenter son pouvoir relatif pour que ces deux acteurs régionaux que sont l’Arabie Saoudite et l’Iran se neutralisent ». Obama aura également été très actif dans son intérêt pour les pays émergents, en particulier en Asie-Pacifique. Partageant la méfiance de ces pays par rapport à la volonté expansionniste chinoise, il aura engagé les Etats-Unis dans un renforcement du maillage d’alliances dans la région selon la stratégie dite du « pivot ». Le Professeur Santander évoque à cet égard les alliances conclues avec des Etats situés dans le périmètre chinois, tels que l’Inde, le Japon, la Corée du Sud ou encore le Vietnam et l’Indonésie. A noter également que sur base de cette politique, les Etats-Unis ont soutenu la candidature indienne pour l’obtention d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Enfin, parce que l’Asie est devenue incontournable sur le plan économique et commercial, un projet de partenariat transpacifique (TPP) a vu le jour tout en excluant la Chine. Cette future zone de libre-échange rassemblerait les Etats-Unis et d’autres pays américains comme le Canada, le Mexique, le Pérou et le Chili avec des Etats d’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande), d’Asie du Sud-Est (Vietnam, Malaisie, Singapour, Brunei) et d’Asie orientale (Japon).

« Empreinte légère »

Enfin, alors que l’interventionnisme de son prédécesseur était revendiqué haut et fort, Obama aura privilégié une méthode plus discrète dans sa lutte contre le terrorisme, celle dite de l’« empreinte légère ». Il faut comprendre ici l’utilisation au maximum des moyens technologiques dans l’objectif de réduire les coûts humains jusqu’à atteindre « zéro mort ». Ainsi, les drones de combat ont été multipliés par dix sous Obama. Certains pays du Sahel ou de la Corne de l’Afrique comme Djibouti servent de base avancée au lancement de ces drones pour toutes sortes d’opérations, y compris des « guerres secrètes » et parfois illégales. Ce dernier point amène à relativiser les différences qui pourraient exister entre l’administration Bush et Obama puisque dans les deux cas il y a l’idée qu’il est légitime de recourir à la force en dehors de toute base juridique dans un pays tiers lorsque la traque des ennemis de l’Amérique rend cela nécessaire. D’une manière plus générale d’ailleurs, le Professeur Santander souligne une certaine forme de continuité entre les différentes administrations qui se sont succédé à la Maison Blanche : « Il faut savoir que les conseillers autour de Bush étaient déjà là sous Nixon. Donc il y a quand même des vases communicants entre les différentes administrations. Rares sont les politiques étrangères qui font table rase du passé. » A méditer à l’approche des prochaines élections américaines.

Obama-Modi FR

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