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Coup de projecteur sur la bactérie Escherichia coli
17/04/2012

EColi
Dans le cas de la souche O104:H4, il s’agit d’une autre cause d’inflammation intestinale au départ. Les bactéries sont toujours Verotoxinogènes, mais leur interaction avec les cellules intestinales sont différents : elles s’y attachent d’une manière dite agrégative  . Grâce à cette propriété, elles s’agrègent à la surface des cellules de l’intestin et forment en ce qui visuellement s’apparente à un tas de briques, avant de libérer leurs toxines. De plus, les adhésines présentes leur surface leur permettent de s’attacher aux cellules intestinales humaines, mais pas aux cellules des espèces animales. Ces souches sont donc restreintes à l’homme et il n’y a pas lieu de chercher une source animale de la contamination. On parlera dans ce cas-ci d’une bactérie Agg-VTEC (Aggregative Verotoxigenic E. coli).

L’origine de ces deux souches et le mode de contamination ne sont pas les seules différences. La souche AE-VTEC O157:H7 est la troisième cause bactérienne de diarrhées dans les pays développés, alors que la souche Agg-VTEC O104:H4 est extrêmement rare. La première touche principalement les enfants des deux sexes, alors que la seconde s’attaque plus fréquemment aux personnes adultes, avec a priori une prédominance chez le sexe féminin (Les scientifiques ne parviennent pas à expliquer cet écart de risque d’exposition à la contamination. Une des hypothèses est une différence de régime alimentaire, les femmes mangeant en moyenne davantage de crudités que les hommes. Mais rien n’est aujourd’hui avéré à ce sujet.). La période d’incubation n’est pas non plus la même, et, enfin, là où la bactérie du hamburger entraîne une progression vers le syndrome SHU dans 7 à 10% des cas, la souche allemande, elle, a mené à ce syndrome dans 20% des cas. Elle est donc plus virulente de ce point de vue.



Ces différences de propriétés suffisent à illustrer l’importance de bien nommer ces souches, afin de mieux diagnostiquer les causes d’une infection et d’en identifier l’origine plus aisément. Si la communauté scientifique butte depuis des années sur l’ancienne nomenclature, elle n’a toujours pas trouvé un meilleur moyen de nommer ces souches. Il n’est pas pour autant certain qu’elle va accepter la proposition de cette publication, même si elle est bien plus précise et qu’elle semble séduisante. « Nous allons présenter cette nomenclature en mai 2012, à un congrès international à Amsterdam organisé autour des souches d’E. coli productrices de Verotoxines. On va s’armer de boucliers, et on va voir comment la communauté va réagir », plaisante le Professeur Mainil.

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