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Coup de projecteur sur la bactérie Escherichia coli
17/04/2012

Une nouvelle nomenclature pour mieux cerner l’origine de la maladie

La confusion générale qui a accompagné l’épidémie est également due à une nomenclature approximative des classes de souches pathogènes de la bactérie E. coli, surtout celles qui provoquent des inflammations de l’intestin et des diarrhées. De plus, certaines de ces souches s’attaquent exclusivement à certaines espèces animales et d’autres exclusivement aux hommes, alors que d’autres encore peuvent se transmettre entre les espèces. Les unes provoquent des syndromes cliniques très graves, comme des diarrhées de type choléra (souches productrices d’entérotoxines ou ETEC) ou une diarrhée hémorragique accompagnée parfois d’une destruction de la fonction rénale (souches productrices de Verotoxines ou VTEC). Les autres peuvent être une des causes de la célèbre tout autant qu’inconfortable « diarrhée du voyageur » ou « turista ». Face à cette diversité, la nomenclature actuelle ne suit pas toujours, et entraîne certaines confusions.

Un des apports principaux de la publication est une nouvelle proposition de nomenclature des souches productrices de Verotoxines, qui permettra, une fois la bactérie identifiée, de diagnostiquer une origine animale ou humaine, par exemple, et ainsi, faciliter et mieux orienter les enquêtes épidémiologiques.

Prenons le cas de la souche O157:H7, celle du hamburger. Aujourd’hui, elle est appelée E. coli enterohémorragique (EHEC). Or, EHEC est une définition d’un syndrome clinique. Cependant, toutes les personnes contaminées par cette souche ne souffrent pas spécialement d’une diarrhée hémorragique. Par contre, l’essentiel de la virulence de cette bactérie est causé par le fait qu’elle produit des Verotoxines. Les auteurs de la publication proposent donc de centrer la nomenclature autour de cette propriété. Ainsi, ils proposent l’appellation VTEC pour toutes les souches d’E. coli productrices de Verotoxines, en leur attribuant un préfixe en plus en fonction de leurs particularités (1). Par exemple, la souche O157:H7, d’origine animale, est dite « d’attachement et d’effacement ».  La bactérie s’attache aux cellules intestinales sur leurs « microvillosités » (qui ressemblent aux franges d’un tapis) et envoie ensuite à l’intérieur de ces cellules des signaux qui vont en perturber la structure pour finalement détruire, « effacer » ces microvillosités. Ces perturbations des cellules intestinales entrainent une inflammation et la diarrhée. Les Verotoxines sont, elles, responsables de l’aspect hémorragique de la diarrhée. Suivant la nouvelle proposition de nomenclature, on parlera pour ce type de bactéries de AE-VTEC (Attaching Effacing Verotoxigenic E. coli), et on saura, directement en lisant ce nom, qu’il peut s’agir d’une souche d’origine animale.

Avant-après-microvilosités

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