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La culture wallonne
29/03/2012

« Le Belge transpire, le Français sue »

Bruno Demoulin le stipule d’emblée : cet ouvrage n’a rien de politiquement vindicatif. Une précision qui n’est pas inutile en ces temps de sensibilités communautaires exacerbées. « Ce n’est pas un manifeste, c’est une œuvre scientifique, et il est vrai une constatation tranquille. Il existe une vitalité en Wallonie, elle peut s’extérioriser. Sans faux-semblant, sans fausse modestie, sans agressivité. Nous avions une volonté de faire comprendre que nous ne sommes ni adversaires, ni inférieurs. »

Pour concrétiser cette ouverture qui caractériserait la culture wallonne, le livre a ouvert ses pages, dans sa dernière partie intitulée « La Wallonie et l’autre », à des observateurs extérieurs venus exprimer leur vision de la Wallonie. D’abord une vue de France, si proche et tellement différente à la fois. On ne peut résister à l’envie de retranscrire cette citation du philologue liégeois Maurice Piron, qui résume parfaitement ce particularisme : « Le Belge transpire, épluche son fruit, verse un acompte, regarde la tévé et attend le paiement de sa pension, tandis que le Français sue, pèle son fruit, verse des arrhes, regarde la télé et attend le paiement de sa retraite. » Viennent ensuite les regards allemands, bruxellois et flamands. Premier-spirouLa caricature de Pierre Kroll (représentant un zoo de Wallons nourris par des Flamands venus les observer), reproduite à l’entame de cette dernière partie, vaut mieux qu’un long discours pour résumer les clichés véhiculés par (certains de) nos voisins du Nord quant aux Wallons paresseux, profiteurs, grévistes, socialistes…

L’ouvrage se termine enfin sur ce chapitre, pointant une question délicate : « Existe-t-il une identité wallonne ? » Nous sentons-nous d’abords Wallons, Belges, Liégeois, Namurois, ou Carolos ? Si la Flandre semble depuis toujours animée d’un désir émancipateur et revendicatif sur le plan culturel, la Wallonie semble à ce titre plus effacée. « L’identité wallonne est récente. Elle se cherche, elle est en cours de construction, estime Bruno Demoulin. Elle se superpose aussi avec d’autres attachements. Elle a pu se sentir menacée. Mais la culture est sans aucun doute son ciment. »

Et, finalement, au bout de ces 400 pages, comment définir la culture wallonne ? « Multiple, sans frontière, généreuse, ouverte, tolérante, influencée par plusieurs sources mais qui a su conserver son authenticité et ses particularismes, conclut l’historien. Sans oublier son sens de la dérision et de l’autodérision, qui caractérise les Wallons, et surtout les créateurs. C’est grâce à eux et à la culture que la Wallonie pourra, comme elle l’a déjà fait par le passé, se relever et renaître. »

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