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La culture wallonne
29/03/2012

La culture wallonne, trop modeste ?

Moving-TargetAu fil des pages, le regard est également attiré par cette photographie d’une chorégraphie de Frédéric Flamand, Moving Target, sur laquelle une danseuse parée d’une interminable jupe bleu nuit se retrouve « dédoublée » grâce à un subtil jeu de miroirs. Ou encore par cette œuvre de l’artiste Jacques Charlier, Novassima Verba, hommage au Pornokrates de Félicien Rops évoqué plus haut, avec la même femme nue aux yeux bandés et aux hauts bas, mais cette fois sans cochon au bout de la corde. On pourrait encore citer, derniers exemples parmi tant d’autres, ces magnifiques orfèvreries et tapisseries, trésors souvent méconnus d’un passé qui l’est tout autant.

Car c’est bien là une caractéristique de l’histoire culturelle wallonne : sa (trop ?) grande modestie. Voire son ancien complexe d’infériorité vis-à-vis de ses voisins, qu’ils soient bruxellois, parisiens, flamands, allemands ou hollandais. En témoignent notamment ces nombreux artistes qui, de tous temps, ont migré vers d’autres terres jugées plus propices à la création : Rogier de la Pasture, peintre tournaisien de la Renaissance ayant préféré s’installer en Flandre, tout comme le compositeur César Franck, né à Liège mais naturalisé français, ou encore Georges Simenon, qui lui non plus n’avait pu résister aux sirènes hexagonales… « Au début du 20e siècle, certains avaient clairement le sentiment que l’on nous avait pris nos artistes, décrit Bruno Demoulin. Mais, au fil des siècles ils étaient allés seulement gagner leur vie là où ils étaient accueillis. La Wallonie était alors certes la deuxième puissance industrielle du monde mais c’est vrai, la vitalité artistique se situait essentiellement en France. La Wallonie a ensuite eu une image de terre chaude, sociale, remuée par les grèves… Cela a sans doute occulté un sentiment de fierté vis-à-vis de cette histoire culturelle qui comporte de superbes richesses. Aujourd’hui, alors que le fleuron industriel d’antan s’est étiolé, il y a peut-être ce déclic, cette envie de se replonger dans le passé et de redécouvrir ce que l’on avait oublié pour ranimer l’espoir. »

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