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Les macaques, bons jardiniers forestiers
23/03/2012

A l’avenir, ce rôle de dispersion des graines, vital pour la régénération de la forêt tropicale, pourrait être exploité par les autorités thaïlandaises qui, depuis une trentaine d’années, tentent avec un certain succès de freiner le rythme de la déforestation. « Le recours à des primates est une voie prometteuse sur le plan écologique et économique », estime la primatologue, qui souligne leur efficacité par rapport à des programmes classiques de reforestation. Après tout, le recours aux « services » des primates ne serait que le prolongement, expérimenté là aussi avec succès par divers pays asiatiques, de projets pilotes consistant à poser des perchoirs pour attirer des oiseaux réputés ne déféquer qu’en situation de repos. « Plutôt mal vus par les populations locales à cause de leurs comportements intrusifs et chapardeurs, les macaques pourraient voir leur image rehaussée auprès des Thaïlandais, réputés apprécier leurs forêts ».

Trois bémols à cet espoir, toutefois. Bien qu’ils soient capables de disperser de très nombreuses graines (y compris très longues), le travail de dispersion des macaques à queue de cochon reste, pour certaines essences, moins efficace que celui d’autres disperseurs : oiseaux et autres mammifères. Surtout, il reste à la communauté scientifique à étudier, à l’avenir, les meilleures conditions physicochimiques des sols favorisant la germination des graines, celles-ci n’ayant pu être évaluées par la doctorante qu’en milieu expérimental (hors-sol). Enfin, last but not least, malgré leur grande adaptabilité en termes d’alimentation et d’habitat (ils sont dits « opportunistes »), les macaques à queue de cochon du Nord semblent avoir besoin, pour jouer ce rôle de régénération des forêts dégradées, d’un seuil minimal de forêts primaires laissées à leur disposition. En-deçà de ce seuil, ce rôle de jardinier ne semble plus possible. Même si cette observation empirique reste à confirmer scientifiquement, voilà qui plaide pour l’urgence d’une politique de conservation du milieu naturel tropical. Et de ses hôtes.

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