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Les macaques, bons jardiniers forestiers
23/03/2012

Bons disperseurs de graines

Connaître les déplacements des primates et leurs préférences pour certains fruits fut donc un premier résultat. Mais cela ne disait pas encore grand-chose sur l’éventuelle efficacité de l’espèce en termes de dispersion de graines. Comme la plupart des macaques, les « queues de cochons » disposent  de poches jugales (des bajoues, où les fruits peuvent être stockés avant leur consommation, un peu à la façon d’un hamster) et de trois techniques de « manipulation » des graines : l’ingestion (suivie de la défécation), le recrachage et, enfin, le dépôt après ouverture manuelle du fruit. « Un bon disperseur de graines est un animal qui consomme de nombreux fruits et qui se rend régulièrement aux arbres porteurs de fruits mûrs, assurant à ceux-ci une descendance maximale, souligne la chercheuse. Mais ces atouts peuvent être réduits à néant dans le cas où, par exemple, les sucs gastriques compromettent le potentiel germinatif des graines ou si celles-ci sont disséminées dans un milieu inadéquat, peu propice à la germination. Les critères sont donc à la fois quantitatifs et qualitatifs ».  Faute de graines disponibles en nombre suffisant pour toutes les espèces de fruits consommées par les macaques, Aurélie Albert s’est concentrée sur des tests de germination concernant 21 espèces, celles-ci assurant une diversité de graines suffisamment large et représentative de ce qu’on trouve en forêt, des plus petites au plus longues.

Régénération-foret

Les découvertes furent nombreuses. Chaque macaque à queue de cochons du Nord peut disperser plusieurs  dizaines de milliers de graines dans une seule fèces, certaines d’entre elles pouvant atteindre jusque 58 millimètres de long. Grâce aux trois techniques de manipulation mises en œuvre pendant ses déplacements, le primate peut les véhiculer des forêts primaires vers les forêts secondaires. De plus, pour 14 des 21 espèces testées, le passage dans le tractus digestif a un effet neutre, voire positif, sur la germination et la viabilité des graines. Toutes ces observations font dire à Aurélie Albert que cette espèce satisfait incontestablement à la plupart des exigences permettant de définir un disperseur efficace, tant quantitativement que qualitativement. « Finalement, plus que de simples disperseurs de graines, les macaques à queue de cochon peuvent jouer un rôle important dans la régénération des forêts. En effet, loin de se cantonner aux seules forêts primaires, ils ont également accès aux forêts secondaires, dégradées par toutes sortes d’activités humaines. Cela les distingue de la plupart des autres frugivores, incapables d’utiliser les trouées de la forêt ou les habitats ouverts ».

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