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Les macaques, bons jardiniers forestiers
23/03/2012

126 espèces de fruits consommées!

Après une période d’habituation à sa présence, facilitée par la visite de groupes de touristes dans cette partie du parc naturel, Aurélie Albert s’est attachée à suivre une troupe composée de deux à trois mâles, d’une douzaine de femelles, d’une vingtaine de juvéniles et de quelques mâles subadultes. Mêlée (au sol) à ce groupe très discret, ou le suivant des yeux aux jumelles dans les différentes strates arbustives de la forêt, la jeune chercheuse à pu identifier une bonne centaine d’espèces de fruits - 126 exactement-  consommés par les macaques. La surprise ne réside pas tant dans cette fourchette assez large, typique du foisonnement végétal des zones tropicales,  que dans l’éventail des techniques utilisées par les primates pour manipuler les graines et, de là, dans l’efficacité de leur travail de dispersion de graines. « Au sein de leur domaine vital, les macaques à queue de cochon ne se déplacent que là où ils ont la garantie d’en trouver en grandes quantités en fonction de l’époque de fructification de chaque essence, souligne Aurélie Albert. Cela signifie que leurs déplacement alimentaires sont guidés par la connaissance qu’ils ont de la fructification de leurs espèces préférées en fonction de la saisonnalité ».

Pour arriver à de tels résultats, la chercheuse a suivi sa troupe de primates du lever du jour à la tombée de la nuit pendant un millier d’heures, pointant leurs déplacements au GPS toutes les demi-heures. Pour obtenir un échantillon de la distribution des arbres fréquentés par les animaux, des transects (lignes fictives), longs d’un kilomètre et larges d’une vingtaine de mètres, ont été tracés à travers la moitié de leur domaine vital, soit 27 hectares. Au total, près de 12.000 arbres de 228 espèces ont été marqués au GPS et via une étiquette posée sur chaque tronc. Avec l’aide d’un assistant local, la phénologie de 183 essences d’arbres a été suivie régulièrement : apparition des bourgeons, floraison, fructification, maturation du fruit, etc. « J’ai divisé le domaine vital des animaux en cellules de 110 mètres de côté. Pour chacune d’elle, j’ai calculé l’indice d’abondance des fruits que j’ai ensuite croisé avec les déplacements des animaux. Si la proximité avec les macaques est une facette particulièrement agréable de ce travail (à condition de s’interdire toute interaction avec eux, afin d’éviter des biais méthodologiques), leur suivi et leur observation au cours de la saison des pluies constituent des moments particulièrement pénibles : les sangsues envahissent l’ensemble du couvert forestier. Quant aux singes, ils bougent alors très peu et, réfugiés haut dans les arbres, se font encore plus discrets que d’habitude »

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