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Les macaques, bons jardiniers forestiers
23/03/2012

Confrontés à la déforestation la plus brutale de la planète, les massifs tropicaux du Sud-est asiatique peuvent compter sur certains de leurs hôtes pour assurer leur régénération naturelle, y compris dans les zones les plus dégradées. C’est le cas du macaque à queue de cochon du Nord, étudié de près par une jeune doctorante du Groupe de Recherche en Primatologie de l’Université de Liège, au cœur du parc national thaïlandais de Khao Yai. A condition de bénéficier d’une tranquillité minimale, le primate est l’un des meilleurs disperseurs de graines repérés sous ces latitudes.

MacaquePour assurer leur survie à long terme, les forêts tropicales peuvent compter sur une longue liste d’alliés très précieux, à plumes ou à poils. Bulbuls, pigeons, calaos, mais aussi chauves-souris, civettes et diverses espèces de primates ont, en effet, cette particularité d’avoir un régime alimentaire basé sur la consommation partielle ou exclusive de fruits et, de ce fait, de disperser les graines des arbres dans les endroits les plus variés et parfois difficiles d’accès. Dans les forêts du Sud-est asiatique (de la Birmanie à l’Indonésie, en passant par la Thaïlande, le Laos…), le rôle de ces frugivores dans la régénération naturelle est d’autant plus important que la déforestation y est plus sévère que dans les deux autres massifs tropicaux que sont l’Amazonie et le Bassin du Congo. Encore faut-il cerner avec précision le rôle respectif de chacun de ces frugivores pour évaluer au mieux cette vocation potentielle de « jardinier de la forêt ».

C’est à cette tâche que s’est attelée Aurélie Albert, une jeune chercheuse française qui vient de défendre sa thèse doctorale après trois années passées au Groupe de Recherche en Primatologie de la Faculté des Sciences de l’Université de Liège, dirigé par Marie-Claude Huynen. Elle a consacré près d’un an-et-demi à suivre une troupe de macaques à queue de cochons du Nord (Macaca leonina) dans le plus ancien parc naturel de Thaïlande, le Khao Yai, situé dans le centre du pays, entre 250 et 1326 mètres d’altitude. Si la plupart des espèces de macaques sont réputées pour leur habileté à disperser les graines d’arbres, on ignore quasiment tout de cette espèce spécifique, peu d’études ayant été réalisées sur son écologie et son comportement. Caractérisée par la forme hélicoïdale de sa queue chez les jeunes sujets, l’espèce valait largement cette curiosité scientifique car elle est réputée semi-terrestre. Cela signifie qu’à l’inverse des gibbons, elle passe assez peu de temps dans les arbres, y demeurant certes pour manger tranquillement (à une hauteur allant jusqu’à une trentaine de mètres), mais se livrant également à de fréquents déplacements au sol, ce qui l’amène à côtoyer différents types de milieux.

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