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Mer du Nord : importantes émissions de méthane
14/06/2016

En se rapprochant des côtes belges et anglaises, cette tourbe affleure entre 10 et 30 mètres de profondeur, ce qui est assez proche de la surface. Les courants des marées y sont importants et brassent les différentes couches d’eau. En d’autres mots, il y a bien un réchauffement des eaux de surface, mais il ne stratifie pas la colonne d’eau. Cette chaleur est redistribuée de la surface jusqu’au fond. Plutôt que l’émergence d’une couche chaude et une couche froide, il y a donc de l’eau tiède de la surface jusqu’au fond. Le méthane libéré des sédiments se retrouve très facilement en surface et peut être émis vers l’atmosphère. Ce phénomène devrait d’ailleurs s’accélérer avec le réchauffement climatique. Non seulement les eaux plus chaudes activent la production bactérienne de méthane, mais en plus, elles favorisent la vitesse de son émission. 

C’est l’une des premières fois qu’une étude met en lumière le comportement du méthane dans des zones d’eau mélangées en permanence et riches en matières organiques, telles que la côte belge. Elle inaugure un nouveau pan de recherche dans le cycle du méthane et y inclut les milieux côtiers et les zones peu profondes en général. « On savait que les côtes jouaient un rôle important dans le cycle marin du méthane, mais il reste difficile à quantifier. Une côte n’est pas l’autre, ce sont des milieux particulièrement hétérogènes. Mais on estime aujourd’hui que les seules zones côtières constitueraient une source de méthane 5 à 10 fois plus importante que l’ensemble des océans profonds. » Une avancée qui permettra d’affiner les connaissances des contributions des différentes sources de méthane, qui manquent encore de précision, tant son cycle est compliqué à quantifier. 

concentration CH4 Mer du Nord

Un problème écologique global…

L’émission du méthane, en terme de masse, est bien moins importante que celle du dioxyde de carbone (CO2). Mais en terme de réchauffement, les molécules de CH4 sont vingt-cinq à trente fois plus efficaces que le CO2. Une qualité pour le moins compétitive qui permet au méthane de se glisser à la deuxième place des gaz à effet de serre, après le CO2. Il est à lui seul responsable d’un tiers du réchauffement climatique lié à l’activité humaine. En outre, le méthane est un gaz qui a de nombreuses sources et de nombreux puits. Si bien que son cycle esquive assez habilement les tentatives de quantification. Il est donc difficile de s’appuyer sur des estimations claires pour en établir précisément les sources d’émission et agir en fonction. Une donnée, par contre, est assez robuste : le bilan, l’accumulation du méthane dans l’atmosphère. « C’est assez simple à calculer, relativise Alberto Borges. On connait le volume de l’atmosphère. En mesurant la concentration de méthane dans l’atmosphère au cours du temps, on peut déterminer son accumulation. »

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